Histoire Cathare (HRP)
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Histoire Cathare (HRP)
UN TRÈS GROS MERCI A LJD FELINIA POUR CET ENVOI.
1/ Les racines du Catharisme
a. la réforme de la religion perse
-721 Fin du royaume d'Israël (Capitale Samarie) et première déportation juive en Assyrie des juifs de ce petit royaume rival de celui de Jérusalem.
-625 Nabopolassar - père de Nabuchodonosor, roi des pays de la Mer se déclare roi de Babylone.
-612 Nabopolassar s'allie aux mèdes (peuple des plateaux iraniens) en faisant alliance avec le roi Cyanare. Ensembles ils prennent d'assaut la grande capitale de l'Assyrie NINIVE en -612. et ce malgré l'intervention du pharaon Néchao. La ville sera complètement détruite et les habitants massacrés.
-597 Première prise de Jérusalem par Nabuchodonosor II, les juifs s'expatrient dans les pays voisins non soumis aux babyloniens.
-587 Deuxième siège de Jérusalem qui dura deux ans. Sédécias le roi de Jérusalem est emmené enchaîné à Babylone, la ville et le temple sont détruits jusqu'aux fondements. Deuxième grande déportation : celle des juifs de Jérusalem expatriés à Babylone.
-556 Cyrus le Mède se révolte contre son suzerain et devient roi des Perses en -550.
-539 Cyrus prend Babylone et libère les juifs de leur exode où ils étaient prisonniers et pour la plupart : esclaves !
Or c'est vers l'an -600 de notre ère qu'est né le perse Zarathoustra qui apporta en Perse une nouvelle conception de la religion basée sur la tolérance, le respect d'autrui, l'encouragement du bien et la lutte contre le mal. Véritable révolution de l'esprit de conscience et de la notion de choix moral entre : le bien et le mal.
Il est étrange de faire le rapprochement entre le comportement de Cyrus et celui de ses prédécesseurs , en particulier celui d'Astyage le dernier roi des Mèdes et fils du cruel Cyaxare qui fut l'allié de Nabopolassar dans le massacre de la ville de Ninive (monticules de têtes coupées devant les fortifications - cadavres mutilés exposés aux bêtes sauvages et aux groupes de vautours - acharnement sur les femmes et les vieillards et mise en esclavage sans pitié des enfants en bas âge)
Cyrus est très différent, à son entrée dans Babylone, les citadins comme les juifs exilés le considérèrent comme leur libérateur. Les juifs de l'époque lui donneront le titre de Messie. Il s'y fit reconnaître comme roi, mais n'annexa pas le pays. Il restitua à toutes les multiples populations leurs divinités puis il permit aux juifs de rentrer dans leur pays et de reconstruire leur grand temple.
Incontestablement on trouve en cet homme les notions de tolérance prêchées par Zarathousthra et surtout les arguments de foi basés sur la lumière, la recherche du vrai , l'esprit d'une conscience individuelle qui changeaient l'image de ce monde cruel et trop égoïste.
Le zoroastrisme primitif ou plus communément appelé MAZDEISME faisait la lutte aux démons et adorait UN Dieu Supérieur. Par la suite seulement la doctrine se diversifia en y introduisant plusieurs autres dieux, allant même jusqu'à y inclure : Zarathousthra divinisé.
Lorsqu'on sait que les Esséniens s'appelaient les "fils de lumière" et que Mazda était le dieu de la lumière, comme Rê en Egypte était l'image du soleil bienfaiteur et nourricier, il est étrange de constater les points communs existants entre les adeptes du mazdéisme et cette congrégation ou troisième secte juive vivant en Israël aux temps du Baptiste ou de Jésus-Christ ! Zoroastre qui se considérait prophète, concluait que malgré des combats acharnés entre le bien (la lumière) et le mal (ténèbres) en finalité c'est la lumière et la vérité qui devaient un jour remporter la victoire.
b. Le manichéisme
En 240 de notre ère apparaissait la doctrine Manichéenne, du nom de son initiateur MANI. Malgré que ce prophète fut mis à mort par Bahrâm 1er en + 277 les notions de bien, lumière et d'éternité sont encore accentuées : Les âmes sont prisonnières des ténèbres de la matière et elles doivent lutter pour retrouver leur destin d'origine, en abandonnant leur écorce qui les emprisonne.
Mani (en grec Manès - en latin Manichaeus) aurait été par deux fois " visité par un ange : Messager du Paradis des lumières " qui lui a demandé de proclamer bien haut sa doctrine. Après un pèlerinage aux Indes il revint prêcher en Iran où les mages zoroastriens de la cour parvinrent (comme Jean Baptiste) à le faire exécuter en prison.
Manès considérait Zoroastre, Bouddha et " Jésus le lumineux " comme des prophètes Messagers du Père...
c. Autres courants spirituels :
- les kabbalistes issus du mouvement judaïque ésotérique réservé à des initiés maniant à la fois les chiffres et les lettres sacrées
- les gnostiques qui prétendent posséder une illumination totale intérieure qui libère leur (âme) esprit de la matière. Leur doctrine n'était pas assimilable à une secte, mais plutôt à une philanthropie ou conduite de vie basée sur la connaissance, la sagesse et le respect de la vie. Même l'âme la plus noire pouvait un jour à force de volonté retrouver la vie et la lumière.
- les Vaudois de Lyon - Secte dissidente de l'Eglise fondée en 1170 par Pierre Vaudès, qui fut condamnée par deux conciles (Latran 1179 et Vérone 1184) Ses disciples " les pauvres de Lyon " furent d'abord condamnés puis excommuniés et considérés comme hérétiques.
Les Vaudois étudiaient essentiellement les saintes écritures et rejetaient la messe, le culte des saints en donnant à tous les pieux laïcs, les mêmes droits et valeurs qu'aux prêtres et aux évêques. Innocent III en 1209 lança une croisade contre eux et les persécuta simultanément de la même manière que les Cathares.
En 1211 quatre vingt vaudois furent brûlés-vifs à Strasbourg. En 1487 Innocent VIII exhorta le Duc de Savoie à une nouvelle croisade. En 1532 les Vaudois s'unirent aux protestants. Mais il resterait à l'heure actuelle encore vingt mille purs Vaudois en Italie du Nord.
d. La doctrine du Catharisme (du grec Kataros = pur)
Secte religieuse issue du manichéisme, essentiellement répandue dans le midi de la France (Béziers, Carcassonne, Albi, Toulouse...)
Les cathares se considéraient comme frères, pratiquaient la charité et cherchaient ardemment la vérité, la simplicité et la vie pure.
Leur doctrine argumentait que le diable est une créature de Dieu qui s'est révoltée, les âmes sont libres du bien et du mal. La Terre, le monde matériel et le corps des humains ont été créé par l'ange déchu qui s'efforce d'attirer par ruse les âmes du Ciel qu'il emprisonne dans une enveloppe charnelle, excepté le Christ qui n'a revêtu qu'un corps d'apparence, qui lui a été donné par un ange et la Vierge Marie, qui a pris les traits d'une femme juive.
En conséquence la croix ne doit pas être vénérée et le comportement de l'Eglise chrétienne désoeuvrée qui ne se soucie que du temporel, n'apporte point de salut aux âmes. Pour les Cathares seul l'Evangile est l' UNIQUE source de vérité et le guide du salut des âmes. Dans leur théorie l'esprit des non-élus retourne dans des corps animaux.
La mort étant pour le Cathare : la libération de l'âme, le seul sacrement qu'ils reconnaissaient s'appelait le CONSOLAMENTUM. Il correspondait à une ordination spirituelle laïque. Un postulant devait parfois attendre une à trois années pour pouvoir subir les épreuves du noviciat (deux années) à l'issue desquelles on l'intégrait dans la communauté en le revêtant de la toque et de la robe noire.
Dès lors l'homme ou la femme étaient intronisés parmi les "parfaits et les purs" acceptant de s'abstenir de tout contact charnel (comme les moines et ce même s'ils étaient mariés,) de jeûner et d'observer des lois alimentaires très strictes, régime végétarien et interdiction de consommer même du lait, des oeufs et des fromages.
C'est ainsi que nos ascétiques prêcheurs barbus s'en allaient de villes en villages porter la bonne nouvelle aux serfs et aux nobles riches pour leur enseigner les devoirs d'amour et de charité.
Si l'on sait que St François d'Assise fonda précisément en 1208 sa première communauté de compagnons franciscains avec l'approbation orale d'Innocent III on peut se demander s'il n'y a pas là une volonté de démontrer au peuple, que l'Eglise (au moment où le clergé vivait dans l'opulence) pouvait vivre plus pauvre que les cathares?
Autre point important la religion cathare admettait l'égalité des sexes, les femmes faisaient partie des assemblées et avaient droit de vote au chapitre. Même si pour des raisons de sécurité elles voyageaient rarement sur les routes infestées de brigands, elle menaient dans leurs couvent une vie partagée entre la contemplation, l'enseignement de l'Evangile et le soin aux malades, puisqu'on affirme qu'elles connaissaient les vertus des plantes et l'art de guérir. Les patrons cathares adoptaient moralement leurs apprentis et les invitaient à partager leur repas végétarien à leur table.
La pauvreté étant de rigueur un(e) parfait(e) abandonnait tous ses biens à la communauté et devait exercer un métier (souvent enseignant ou tisserand) pour aider le couvent à subvenir à ses besoins.
Les purs ne mentaient jamais et ils se considéraient comme des pacifistes, ils préféraient se laisser torturer et tuer plutôt que de se défendre contre leurs assaillants. Ils ne craignaient pas le martyr, ni la mort qu'ils considéraient comme une libération de l'âme qui retourne à Dieu.
Chaque province religieuse avait son évêque qui était assisté de deux fils spirituels : le fils majeur et le fils mineur.
Le comte de Foix, Raymond Roger permit à sa femme Philippa de recevoir le consolamentum et de diriger en 1205, la communauté des parfaites de Dun. Sa première soeur fut également reçue parmi les parfaites en son château de Fanjeaux, tandis que la seconde offrit à l'Ordre, la fameuse forteresse de Montségur. Le comte Roger II de Toulouse avait eu comme tuteur le seigneur Cathare (hérétique) de Saissac !
e. Le Christ premier exemple de tolérance
Jésus est venu nous apporter un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres = aidez votre prochain quelque soit sa religion. Par ses miracles aux étrangers, ses paraboles, son dialogue avec la femme aux cinq maris et ses avertissements formulés dans la synagogue de Nazareth, le Maître a essayé de nous faire comprendre que des étrangers et mêmes des prostituées peuvent entrer dans le Royaume des Cieux, alors que beaucoup de ministres du culte, obstinés dans leur haine et leur aveuglement seront rejetés dans les ténèbres !
Ce que le Christ explique dans une autre phrase :
- Beaucoup de prophètes surgiront et vous diront le Christ est là ou là-bas... Mais comment ferez vous la distinction entre les bons et les mauvais prophètes ?
- C'est à leur fruits que vous les reconnaîtrez (leurs actes) "un bon arbre porte de bons fruits et un mauvais arbre porte de mauvais fruits..."
2/ Les premières condamnations contre les cathares
1119 - Etienne Harding, troisième abbé de Cîteaux, complète la règle de St Benoît en y ajoutant "la charte de charité" complément à la constitution fondamentale d'un Ordre qui comptait déjà 343 abbayes en 1200 et 694 en 1300.
1119 - Le concile de Toulouse condamne d'excommunication les cathares et demande au bras séculier (le pouvoir civil) d'incarcérer les coupables et de confisquer leurs biens.
1148 - Le concile de Reims menace de nommer anathème = rejeté de l'Eglise, quiconque osera héberger ou protéger des hérétiques. Toujours à Reims, mais neuf ans plus tard le concile condamne les chefs de la secte à l'emprisonnement perpétuel, tandis que les disciples seront marqués au fer rouge sur le front ou dans le visage. Pour ceux qui bénéficieraient du doute, le concile leur laisse la possibilité de prouver leur innocence en subissant les ordalies (épreuves) au fer rouge. Ces mesures ont été immédiatement appliquées dans le nord de la France, malgré l'absence de confirmation du St Siège.
1163 - Le pape Alexandre III vient en personne présider le congrès de Tours, ce qui atteste de la gravité de la situation en France. A l'interdiction de protéger les hérétiques, s'ajoute celle de commercer avec eux. Cette ordonnance vise surtout à ruiner le commerce des cathares qui pour la plupart étaient des artisans. L'Eglise espérait ainsi les réduire à la misère et les voir mourir de faim. Mais lorsqu'on connaît les longues périodes de jeûnes que s'imposaient les Cathares, cette dernière mesure fut vraiment peine perdue. Alexandre renforça le rôle des évêques qui devaient enquêter sur les réunions secrètes et surtout les interdire pour empêcher le recrutement de nouveaux adeptes dans la secte.
1165 - Un colloque réunit à Lombers (près d'Albi) divers prélats de l'Eglise officielle et les principaux chefs de la secte. Etaient présents les évêques d'Albi, d'Agde, de Lodève, de Tours et l'Archevêque de Narbonne, ainsi que Raymond Trencavel (vicomte de Carcassonne, d'Albi et de Béziers), la princesse Constance, soeur du Roi Louis VII et femme du comte de Toulouse, Sicard vicomte de Lautrec et beaucoup d'autres nobles du sud...
L'évêque de Lodève conduisait l'interrogatoire qui portait essentiellement sur la valeur des sacrements que rejetaient les "Bons Hommes" et sur leur soumission à l'autorité de leurs juges. Aucun accord n'étant possible, les condamnations des "Bons Hommes ou bougres," furent donc confirmées par les évêques. Mais contrairement à la foule des provinces du Nord, celle du sud laissa partir librement les membres de la secte, qui en souvenir de ce fameux débat contradictoire furent encore surnommés "les albigeois."
1167 - Pendant qu'on exécutait à Vézelay dans l'Yonne des cathares bourguignons, se tint à Saint Félix de Lauragais (près de Toulouse) le plus important concile cathare de l'Histoire sous la présidence du Patriarche byzantin Nicétas venu de Constantinople et chef de l'Eglise cathare de Dragovitchia. Nicetas confirma les deux évêques de Toulouse et Carcassonne et en consacra deux nouveaux, puis il acheva la cérémonie en donnant le Consolamentum à tous les évêques présents.
Devant l'énorme retentissement de ce concile, Raymond V comte de Toulouse, affolé par le grand nombre de sympathisants et de conversions à la religion cathare, écrivit au roi de France Louis VII qui lui envoya deux missionnaires : Pierre de Pavie - Cardinal légat de France et l'abbé de Clairvaux qui obtinrent une soumission apparente des toulousains et l'abjuration du chef cathare toulousain : Pierre Maurand.
Ce vieux seigneur fut flagellé publiquement dans la cathédrale avant de passer trois années de pénitence en Terre Sainte, pendant que les légats partageaient ses biens et rasaient son fief.
1179 - Le Concile de Latran incite les chrétiens à se rassembler pour lutter contre les albigeois, (cathares) accusés de s'unir aux voleurs (!) pour piller les églises et les monastères. Ce concile accordait à tous participants de l'expédition punitive : une indulgence de deux ans.
1180 - Philippe II Auguste, à l'âge de quinze ans, monte pour 43 ans sur le trône de France
1181 - Alexandre III confie à Henri de Marsiac - abbé (Père supérieur) de Clairvaux, récemment promu Cardinal d'Albano le commandement d'une expédition de croisés levés par le précédent concile.
Henri s'attaque immédiatement au vicomte de Trencavel (protecteur déclaré des hérétiques du sud) et met le siège devant la forteresse de Lavaur. Après quelques escarmouches la vicomtesse Adélaïde livre aux assiégeants Bernard Raymond, évêque-cathare de Toulouse et Raymond de Baimac son coadjuteur. A peine prisonniers, ils se déclarèrent prêts à abjurer leur secte et à se convertir. En récompense Bernard Raymond devint chanoine à St Etienne et Raymond de Baimac devint chanoine à l'abbaye de St Sernin, tandis que le vicomte Roger de Trencavel faisait semblant de se soumettre...
1184 - Le nouveau pape Lucius III promulgue une bulle intitulée les décrets de Vérone, qui soustrayait les hérétiques cathares et vaudois aux exécutions sommaires de la foule des gens du Nord pour les remettre entre les mains de la juridiction des évêques locaux.
1198 - Election d' INNOCENT III, fils du comte de Segni, dont la famille est la rival héréditaire des Bobone dont est issu le précédent pape Célestin III qui depuis 1191 a été pape durant : 6 ans et 9 mois. A peine élu Innocent III ordonne à Foulques de Neuilly et à son légat Pierre Capuano de prêcher la quatrième croisade d'Orient qui aboutira en réalité au sac de Constantinople en 1204 !
1199 - Le nouveau pape INNOCENT III proclame une bulle qui instaure une procédure contre les hérétiques de France qui sera sévèrement appliquée dans le Nord, mais avec mollesse dans les régions du Sud.
1199 - En Bosnie le prince Kouline proclame le catharisme comme religion officielle.
1199 - Le pape Innocent III envoie en Languedoc deux moines cisterciens Rainier et Fuy qui n'obtinrent pas plus de succès que leur prédécesseur le cardinal de Saint Prisque.
1200 - Création dans chaque paroisse d'une commission dont le rôle est de rechercher et de dénoncer les hérétiques.
1203 - Le pape donne le titre de "chef suprême de tous les légats à Arnaud Amaury (abbé de Cîteaux)" et désigne sous sa tutelle deux moines de l'abbaye de Fontfroide (Corbières) : Pierre de Castelnau et Raoul de Fontfroide.
Amaury commence d'abord par punir les chefs du clergé local : l'évêque de Béziers - Guillaume de Roquessels est suspendu pour insoumission ! Celui de Toulouse - Raymond de Rabatens est déposé pour simonie (trafic d'objets sacrés), suivent l'évêque Béranger de Narbonne et de nombreux chanoines et prévôts ... Sur sa lancée, le père Abbé de Cîteaux visite les seigneurs du sud pour les inciter à punir plus sévèrement les hérétiques, hélas beaucoup d'entre eux protègent des hérétiques ou sont eux-mêmes de tendance hérétique.
3/ La mission apostolique de Saint Dominique
1205 - Après un voyage au Danemark, Don Diègue, le vieil évêque d'Osma (en Castille) arrive à Rome en compagnie d'un chanoine sous-prieur de sa cathédrale : DOMINIQUE de GUZMAN. Le futur saint Dominique issu d'une riche famille espagnole de Burgos a tout quitté pour vivre dans un esprit de pauvreté, il n'a que trente trois ans lorsqu'il vient solliciter du pape l'autorisation d'aller évangéliser des tribus païennes campées aux frontières de la Hongrie. Le pape les enverra tous deux prêcher dans le sud de la France pour convertir les hérétiques cathares, insoumis au Saint Siège.
1206 Après un court séjour à l'abbaye de Cîteaux où les légats tenaient leur assemblée, Dominique les incite à ne pas perdre courage et les assure de son soutien apostolique. A peine arrivé près de Toulouse, Dominique fonde immédiatement un monastère féminin à Prouille. En véritable prêcheur pendant deux années Dominique va sillonner les routes du midi, cherchant à persuader par de longs débats oraux les cathares d'abjurer leur croyance et de venir dans le giron de l'Eglise romaine.
1207 Un débat de quinze jours oppose Dominique aux principaux chefs de la secte cathare venus nombreux pour entendre le débat. On affirme que Dominique qui avait écrit ses réponses sur des papiers furent soumis par les juges à l'épreuve du feu, ils sortir miraculeusement intacts des flammes et cent cinquante Cathares se convertirent !
4/ L'excommunication de Raymond VI de Toulouse
1207 - La conférence de Montréal étant achevée, le légat du pape Pierre de Castelnau alla se présenter chez le comte Raymond VI de Toulouse, Duc de Narbonne, Marquis de Provence et cousin du roi de France Philippe Auguste, pour lui demander de prendre la tête de la ligue de la paix, jurée par les Seigneurs provençaux pour organiser la chasse contre ses sujets cathares.
Raymond n'avait nullement l'intention de combattre ses sujets mis au ban de l'Eglise et en tous cas, ne voulait surtout pas faire la paix avec ses vassaux les seigneurs de Provence qui ne cessaient pas de lui causer des troubles sur ses terres.
Le comte ayant refusé, le légat s'empressa de l'excommunier et d'en avertir aussitôt le pape Innocent qui le menaça de lui retirer son pouvoir sur ses terres. Sur ce le 17 novembre 1207 Innocent III en appela au roi de France Philippe Auguste et à de nombreux grands du royaume afin qu'ils se mobilisent contre les hérétiques du sud de la France. Vaine tentative, car le roi ne voyait pas d'un très bon oeil l'ingérence de l'Eglise dans les affaires temporelles et la politique du royaume. Ce pouvoir était réservé aux princes et au roi.
D'ailleurs Philippe Auguste était en guerre contre l'Angleterre et n'avait nullement l'intention de s'engager financièrement sur un nouveau front. Par l'intermédiaire de l'évêque de Paris le roi fit parvenir au pape une lettre dans laquelle il exigeait une trêve de deux ans dans le conflit anglais et un engagement écrit du clergé dans lequel il devrait avancer la moitié des frais de l'expédition, excepté une contribution de cinquante livres par jour, payable par le roi de France, le solde étant pris en charge par les barons !
Cette fois, c'est le pape qui refusa l'offre du roi !
14 Janvier 1208 - Le légat du pape Pierre de Castelnau et sa suite s'apprêtaient à franchir le Rhône aux environs de St Gilles en Camargue, lorsque soudain un cavalier surgit de la brume matinale et lance au poing, fonce sur le légat apostolique et lui porta un coup mortel avant de disparaître aussi rapidement qu'il était venu.
Personne ne saura jamais qui était ce mystérieux assassin, mais on accusa aussitôt le Comte de Toulouse d'avoir ordonné ce crime, car la veille du drame le comte était venu à St Gilles pour chercher un compromis avec le légat qui avait menacé le comte des pires châtiments s'il ne se repentait pas promptement.
Au comble de la colère le comte s'écria "Partout où vous irez, sur terre ou sur mer, prenez garde ! J'aurai l'oeil sur vous."
Bien entendu le comte n'aurait pas dû proférer cette menace que les autorités ecclésiastiques jugèrent accablante. Mais en y réfléchissant de plus près il n'était pas dans l'intérêt du comte déjà excommunié, menacé d'être envahi par ses rivaux et dépouillé de ses biens, d'ordonner cet acte qui allait à coup sûr enclencher la croisade des gens du Nord et de terribles représailles... C'est également l'avis de l'historien Michel Roquebert (dans son livre l'épopée Cathare, Tome I - Editions Privat) qui démontre que le crime profita en premier lieu : à ARNAUD AMAURY - l'abbé de Cîteaux qui brûlait du désir de déposséder le comte Raymond de ses terres et surtout de s'emparer de son titre de Duc de Narbonne.
C'est donc Arnaud Amaury qui averti le premier le pape de l'affreux attentat contre la vie de son légat.
Le 10 mars 1208, Innocent III lançait à travers toutes les provinces de France son célèbre appel à la croisade contre les hérétiques du Sud français. Le roi de France s'étant abstenu, il n'empêcha pas ses grands vassaux de prendre la défense de la Croix.
Atterré par cette terrible accusation, le comte de Toulouse avait immédiatement ordonné la recherche de ce cavalier inconnu que ses accusateurs ne semblaient pas pressé de retrouver. Mais toutes les recherches entreprises furent vaines, le comte Raymond proposa alors au jeune vicomte de Béziers-Carcassone Raymond, Roger Trencavel de s'unir à lui pour mieux organiser la défense de leurs terres. Mais le neveu de Raymond qui ne voulut pas être accusé de complicité déclina toute participation à cette proposition.
Ne pouvant prouver son innocence, le comte alla voir Arnaud Amaury et le supplia d'intercéder en sa faveur auprès du pape.
Mais le chef des légats se montra si dur et si injuste envers lui que Raymond décida d'envoyer une ambassade à Rome pour plaider sa cause et avoir le temps de prouver son innocence auprès du Saint Siège. Le comte promettait de se soumettre aux volontés de l'Eglise, mais ne voulait plus avoir de rapports avec Amaury. Le pape fit semblant d'accepter et confia cette affaire à Milon son secrétaire et à Maître Thédise, chanoine de Gênes. Mais ces deux hommes étant soumis à l'autorité d'Amaury, rien n'allait réellement changer !
En vertu de l'accord passé avec la papauté, le comte céda aux deux légats apostoliques sept de ses châteaux de Provence. Puis il fut décidé que la cérémonie de réconciliation aurait lieu en public dans la cathédrale de Saint Gilles de Toulouse, berceau de la dynastie.
Le 18 Juin 1209, devant tout le peuple et le haut clergé réunis, Raymond VI se présenta torse et pieds nus pour être flagellé par Milon. Après avoir prêté serment sur les évangiles, il fut absout et pour ultime pénitence, dû passer une dernière fois devant le cercueil de Pierre de Castelnau amené pour la circonstance.
5/ La première croisade contre les cathares
Le 24 Juin 1209, à la tête d'une armée d'environ 300.000 hommes, Arnaud Amaury, Prieur général de l'Ordre de Cîteaux, galopait en direction des terres du sud, derrière lui venait l'armée des archevêques, évêques, abbés, prêtres et moines, suivie des princes et barons dans leurs étincelantes armures, enfin derrière eux un amas indescriptibles de citadins, de paysans, de roulottes de vivres avec des femmes de toutes moralités, ainsi que de nombreuses bandes de brigands et de détenus en haillons libérés sur la promesse d'indulgence liée à la croisade, selon laquelle tous seraient blanchis de leurs fautes !
Informé par l'arrivée imminente de cette croisade contre ses terres, le Vicomte Raymond Roger de Trencavel s'empressa de galoper jusqu'à Montpellier pour présenter sa soumission aux chefs des croisés. Hélas sa demande fut rejetée, alors il regagna en toute hâte la ville de Béziers pour lui ordonner de se mettre en état de défense et poursuivant son chemin il fila vers son fief de Carcassonne.
Raymond VI qui ne participait pas aux combats avait rejoint les croisés pour leur indiquer le chemin, il était persuadé que sa soumission exemplaire trouverait sa récompense par la sauvegarde de ses terres. Mais il ignorait encore le sort réservé à deux de ses châteaux : Casseneuil et Villemur situés sur ses terres.
6/ Le sac de Béziers
Le 21 Juillet 1209 l'armée croisée arriva devant Béziers et y planta son campement. Renaud de Montpeyroux, l'évêque de la Cité, sorti pour essayer de négocier avant l'affrontement. Mais Amaury le chargea de porter un véritable ultimatum aux catholiques assiégés, qui devaient immédiatement livrer les 222 hérétiques cathares ou vaudois inscrits sur une liste (écrite par l'évêque lui-même) ou bien quitter la ville en y abandonnant les hérétiques, sinon le père général des Cisterciens menaçait tous les chrétiens de subir le même sort qu'eux !
L'évêque et quelques catholiques sortirent, mais beaucoup de prêtres préférèrent rester avec leur paroissiens. Le lendemain fête de Sainte Marie Madeleine, des biterrois sortirent pour lancer quelques flèches sur les assiégeants entrain d'installer leur tentes, mais la riposte fut foudroyante : par une porte restée ouverte des chevaliers croisés pénétrèrent dans la ville et ce fut le début d'un immense carnage.
Insensibles aux exhortations des prêtres les croisés se ruèrent dans les rues, dévalisant tout ce qu'il pouvaient emporter, tuant tout ce qui bougeait : enfants, femmes, vieillards qui essayaient de s'enfuir pendant que les hommes essayaient d'endiguer la marée de sauvages sans foi, ni lois.
On dit que mille personnes essayèrent de trouver asile dans l'Eglise de Ste Marie Madeleine. Piétinant le sacré Droit d'asile, tous y compris les prêtres catholiques furent massacrés, égorgés, éventrés.
Puis le feu qu'on avait allumé dans les ruelles étroites se propagea aux palais, aux églises et même à la cathédrale.
Pendant qu'Amauric rendait grâce à Dieu pour une victoire si facile, les barons se reposèrent trois jours, tandis que des milliers de cadavres s'entassaient devant les ruines des églises. Vingt cinq mille personnes moururent en une journée tandis que de rares survivants agonisèrent des journées entières privés d'eau et de soins. Selon le témoignage d'un moine allemand, (Césaire d'Heisterbach) Arnaud Amaury avait hurlé avant le massacre : Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens !
7/ La deuxième armée de croisés - dite du Quercy
Avant même l'arrivée de la première armée des croisés du Nord devant Béziers, une deuxième armée s'était formée autour de l'archevêque de Bordeaux. A Casseneuil près de Villeneuve sur Lot, on avait déjà érigé le premier bûcher de la croisade et brûlé vivants de nombreux hérétiques avec leur famille. Sous la conduite de l'évêque du Puy, une troisième armée vint de l'Ardèche et se joignit à celle de Bordeaux lors du siège de Casseneuil. Ensembles ces deux armées avaient détruit Gontaud, pillé Tonneins, rançonné St Antonin et Caussade... La terreur régnait dans tout le pays et les communautés de parfaits et les habitants fuyaient avant de mettre le feu à leurs villes.
8/ La mort de Raymond Trencavel
En six jours les croisés occupèrent près de cent châteaux et atteignirent rapidement Carcassonne puisque tous les habitants fuyaient avant leur arrivée ou envoyaient leurs prélats et nobles pour prêter serment aux envahisseurs. Les premiers faubourgs tombèrent le 3 Août et les croisés eurent même la possibilité de couper l'eau en plein été au reste de la population. Le 4 Août le roi d'Aragon entra dans le camp des croisés et essaya de plaider la cause du jeune Raymond Vicomte de Trencavel, âgé de vingt quatre ans seulement.
Le sinistre Amaury l'autorisa à partir mais seulement avec onze chevaliers et à la condition d'abandonner derrière lui tous ses biens aux croisés. Le courageux vicomte refusa l'offre et le roi Pierre II retourna très attristé à Saragosse.
Les faubourgs de Carcassonne étaient tous tombés, le bétail mourait de soif et de terribles épidémies faisaient des ravages dans la population. Un soir un chevalier que l'on disait parent du vicomte lui proposa de le suivre pour parlementer avec les barons, c'est (avait-il dit) pour éviter que Carcassonne subisse le même sort que Béziers ! Raymond de Trencavel le suivit et à peine arrivé au camp des croisés il fut jeté en prison.
Les habitants du centre ville de Carcassonne eurent la vie sauve, ils purent quitter la ville en abandonnant tous leurs biens aux pillards qui attendaient pour écumer la ville. Quant au vicomte il fut transféré dans une oubliette de son château où il serait mort assassiné sur l'ordre de Simon de Montfort qui était devenu entre-temps avec l'aide d'Amaury : le nouveau vicomte de Béziers et Carcassonne.
9/ L'avènement de Simon IV de Montfort
Les Montfort contrôlaient dès le Xè Siècle la route de Paris à Dreux, l'un d'eux devint évêque de Paris tandis que sa soeur Bertrade déjà mariée au comte Foulques d'Anjou devenait la maîtresse du roi Philippe 1er.
Amaury III de Montfort, le grand-père de Simon, lutta alternativement contre le roi de France et le Duc de Normandie. Son père SIMON-III avait épousé la comtesse de Leicester. Mais Simon IV ayant opté pour le parti français en épousant une fille des Montmorency (premiers barons du royaume de France) Jean sans Terre lui confisqua ses domaines. Il vint alors s'établir dans son comté situé dans la partie occidentale de l'Ile de France, où la vie devint plus tranquille à partir du moment où Philippe Auguste avait annexé la Normandie.
Simon IV aurait refusé de participer à la quatrième croisade de 1204 qui devait aboutir au sac de Constantinople et il préféra partir avec quelques fidèles compagnons pour la Terre Sainte où son énergie l'aurait couvert de gloires (?) ce qui fut très apprécié par l'abbé de Cîteaux qui s'en rappela lors de la mobilisation contre les hérétiques où il n'eut à intervenir réellement que pour la prise des faubourgs de Carcassonne.
Après avoir distribué quelques châteaux à ses chevaliers, Simon voyait déjà une de ses filles épouser le fils du Comte de Toulouse âgé de douze ans et devenir le maître de la région. Pour l'instant Raymond VI ne protesta pas à l'idée de ce mariage, qui s'il s'était réalisé, aurait dérangé les plans de l'abbé de Cîteaux.
La plupart des croisés s'en retournèrent chez eux, tandis qu'on laissa sur place une petite armée d'environ 5 000 hommes chargés de poursuivre les hérétiques qui s'étaient enfuis de Fanjeaux et de Montréal pour se retrancher maintenant dans la citadelle de Montségur, un pic fortifié au sommet d'une montagne.
Comme la ville de Castres offrait à Simon sa soumission, il s'y rendit immédiatement. Arrivé au Château on lui présenta un parfait et son novice. Le parfait n'abjura point mais le jeune homme se montra prêt à abjurer la secte. Simon ordonna de les brûler tous deux en disant que si Dieu le voulait les flammes épargneraient le plus jeune. On les attacha au même poteau, les flammes consumèrent le parfait mais ne brûlèrent que les liens du jeune homme et le bout de ses doigts. 0n cria au miracle, mais il n'empêche que Simon avait soumis au bûcher un converti, ce que l'Eglise interdit formellement.
Après un échec devant les fortifications de Cabaret, les bourguignons quittèrent Simon qui resta seul avec une trentaine de chevaliers et une bande de routiers d'environ deux mille hommes.
C'est ce moment que choisit le comte Raymond Roger de Foix pour casser son accord avec les croisés et reprendre Preixan et punir les bourgeois de Pamiers qu'il fit emprisonner dans son donjon de Foix.
Simon fit détruire plusieurs châteaux appartenant à Guiraud de Pépieux qui s'était soulevé contre lui, alors Guiraud fit crever les yeux, arracher les oreilles, le nez et la lèvre supérieure à deux chevaliers de Simon qu'il avait fait prisonnier et les abandonna en pleine campagne. L'un mourut de froid, le second fut amené chez Simon à Carcassonne par un paysan ! La résistance s'organisait, la population s'était révoltée dans de nombreuses places et en quelques mois Simon venait de perdre six de ses meilleurs chevaliers ...
10/ La nouvelle condamnation du comte Raymond VI de Toulouse
Amaury avait décidé de reprendre les choses en mains et avec l'accord de Simon envoya une délégation au comte de Toulouse pour le sommer de remettre aux mains de l'Eglise l'ensemble des hérétiques qui s'étaient enfuis de son comté. Le comte et les consuls de Toulouse refusèrent d'obéir prétextant qu'il n'y avait plus un seul hérétique à Toulouse. Arnaud Amaury excommunia immédiatement les consuls et jeta l'interdit sur la ville, ce dont il informa les membres du concile qui se tenait alors à Avignon. Le légat Milon avertit également Innocent III que le comte avait transgressé les quinze articles de sa soumission et qu'il avait dû le re-excommunier.
Très outré Raymond VI se rendit avec les consuls au Vatican afin de protester de sa bonne foi devant le pape. Malgré la promesse du comte de faire tout ce qui est en son pouvoir pour respecter les engagements prononcés en la cathédrale de St Gilles, le pape lui promit que l'occasion de se justifier devant un concile lui serait laissée.
Février 1210, Innocent III écrivit à son légat Amaury qu'il fallait absoudre les consuls et lever l'interdit jeté sur Toulouse, mais si des accusateurs arrivaient à reconnaître la culpabilité du comte dans l'affaire de l'assassinat de Pierre de Castelnau, le concile avait le droit de condamner une seconde fois le comte de Toulouse.
En ce début d'année une ligue intitulée "la confrérie blanche" s'était constituée à Toulouse sous le haut patronage de Foulques l'évêque de la ville, ces miliciens de la foi portaient une grande croix cousue sur leurs vêtements et pourchassaient les hérétiques et les usuriers en les faisant comparaître devant le tribunal de l'évêque qui les condamnait à de lourdes amendes. Ceux qui refusaient de payer risquaient de voir leur maisons saccagées et pillées.
Par opposition les amis du comte formèrent une autre confrérie qui prit le nom de "confrérie noire", et il n'était pas rare de voir des combats entre les deux clans à toute heure du jour ou de la nuit.
Au mois de Juin, Simon décida de s'attaquer aux fiefs imprenables du catharisme. Il mit le siège devant Minerve et après avoir emporté la place immola cent quarante Parfaits sur le bûcher. Pendant ce temps le comte de Toulouse était excommunié pour la troisième fois par une délégation de légats guidée par Amaury.
En février 1211, TOUS les légats de France, réunis à Montpellier décidèrent d'obliger Raymond de Toulouse à respecter une charte dont les conditions étaient impossibles à remplir :
- tous juifs et hérétiques du comté devaient être remis à l'Eglise dans un délai maximum d'un an. Le comte et ses chevaliers ne devaient plus se revêtir que de la cape brune des pénitents, puis ils avaient obligation de détruire leurs châteaux et de partir pour la Terre Sainte aussi longtemps qu'il plairait aux légats !...
Arnaud Amaury apporta cet acte en personne au comte qui attendait dehors dans le froid de l'hiver en compagnie du roi d'Aragon.
Indigné le comte retourna immédiatement à Toulouse et ordonna de faire publier l'acte honteux à travers tout le comté. Dès qu'ils furent informés que leur acte avait été rendu publique, les légats offusqués prononcèrent la quatrième excommunication du comte, accompagnée des mesures jetant " l'Interdit " sur ses terres ...
La guerre était désormais inévitable ! De toute urgence le comte demanda l'aide de ses vassaux de l'albigeois, du Béarn ainsi que celle des comtés de Comminges et de Foix et du sénéchal d'Agen : Hugues d'Alfaro, son gendre. Tous répondirent à l'appel.
Raymond VI avait également un frère nommé Baudouin de Toulouse, que sa mère Constance, soeur du roi, avait emmené avec elle à la cour de son frère Louis VI, pour se soustraire aux mauvais traitements de son époux le comte : Raymond V. Revenu à vingt ans au pays, Raymond et Baudouin ne s'aimaient guère, toutefois Raymond confia à son jeune frère Baudouin, le commandement d'un avant-poste (Montferrand) afin de mieux protéger Toulouse contre les attaques des croisés.
11/ Les batailles de Toulouse et de Muret
De son côté Simon de Montfort ayant reçu les renforts attendus de son comté avait décidé d'intensifier la répression.
1211 - Le 3 mai, le château de Lavaur (près de Castres) tombait ! On y alluma le plus grand bûcher de la croisade : 400 Vauréens / cathares y furent brûlés-vifs tandis que le croisé Simon de Montfort, grand défenseur de la Sainte Eglise offrait au bon plaisir de ses rustres soldats la malheureuse châtelaine qui fut ensuite jetée vivante au fond d'un puits qu'on recouvra de pierres...
Pendant ce temps le comte de Foix massacrait un groupe d'allemands et de frisons envoyés par leur évêque afin de renforcer les effectifs du siège de Lavaur.
A Cassès ce furent soixante hérétiques qui furent immolés sans opposer de résistance, seuls les chevaliers de Toulouse eurent la vie sauve, mais Castelnaudary vidée de ses habitants fut incendiée.
Simon arriva enfin à Montferrand où il mit le siège. Mais le nouveau vicomte Baudouin de Toulouse s'empressa de devenir son allié en embrassant le parti de la croisade jusqu'à sa mort. Son frère ne lui pardonnera jamais cette trahison, puisqu'il fut capturé près de Cahors et condamné à être pendu à Montauban par un tribunal présidé par son Frère.
A Toulouse les renforts alliés de Raymond VI se hâtèrent de venir apporter leur soutien, tandis que le comte chassait l'évêque Foulques hors de la ville. Simon mit le siège et après bien des assauts dût reconnaître son échec, par contre il eut sa revanche contre la coalition Occitane dans la bataille de Castelnaudary de 1212.
1212 - Le roi d'Aragon Pierre II s'allie au roi de Castille et vainquit les almohades à la célèbre bataille de (las) Navas de Tolosa.
1213 - Le 30 Août les alliés du comte de Toulouse reçoivent à Muret le renfort de l'armée de Pierre II d'Aragon qui venait de remporter pour la chrétienté une éclatante victoire sur les maures !
Malgré l'écrasante supériorité, les espagnols commettent des erreurs tactiques qui permettent aux croisés de tuer le roi d'Aragon. Il s'en suivit une indescriptible panique dans le camp occitan dont les croisés profitèrent en massacrant et noyant plus de 15 000 ennemis.
Innocent III toujours soucieux de ses intérêts personnels nomma un nouveau cardinal-légat : Pierre de Bénévent, chargé de contrôler la situation en Languedoc. Ainsi le nouveau cardinal-légat soumit à l'Eglise les comtes de Foix, de Commingues, de Roussillon et le vicomte de Narbonne. Même Raymond VI accepta de se soumettre et abdiqua en faveur de son fils Raymond VII âgé de seize ans.
1214 - (Le futur Saint) Dominique reçoit à Toulouse une maison pour ses frères qu'il soumet à la règle de St Augustin. Cette même année l'évêque Foulques de Toulouse l'emmènera à Rome où Innocent III émettra quelques réticences pour officialiser le nouvel Ordre. Un an plus tard c'est Honorius III qui approuvera le nouvel ORDRE et en fera l'école des inquisiteurs et l'instrument par excellence de lutte contre les hérétiques. Dominique mourut à Bologne en 1221 et fut canonisé en 1235.
12/ L'avènement du pape Honorius III (1216) et de Louis VIII (1223)
1215 - Un an avant la mort d'Innocent III débuta le 11 novembre le 4ème concile de Latran, ouvert dans la résidence vaticane. Il réunissait 410 évêques, environ 800 abbés et 3 000 clercs, ainsi que les nouveaux Patriarches (catholiques) de Constantinople et de Jérusalem. Ce concile prononça la déchéance de Raymond VI et officialisa la passation au comte Simon de Montfort de tous les domaines conquis par les croisés. Les autres domaines non conquis furent confiés à quelques nobles capables d'y défendre la paix en attendant que le fils du comte de Toulouse prouve ses compétences.
en 1216 Simon de Montfort reçut enfin des mains de Philippe Auguste l'investiture solennelle sur le comté de Toulouse.
Le 24 Août 1216 , après treize semaines de siège, Simon de Montfort dut abandonner Beaucaire à Raymond VII. Rentré d'Espagne le vieux comte soutenu par les comtes de Foix et de Compiègne fit une entrée triomphale dans Toulouse pendant qu'Alix de Montfort, épouse de Simon se retrancha au coeur de la citadelle en appelant son époux à l'aide.
Le 22 Septembre 1217 , les croisés mirent le siège devant les remparts de Toulouse, le siège fut très long et il coûta la vie à Simon de Montfort qui en portant secours à son frère Guy, reçut un boulet de pierre qui le tua sur le coup. Son fils AMAURY de MONTFORT lui succéda.
L'épouse de Simon et l'évêque Foulques persuadèrent Philippe Auguste d'intervenir au Sud de la France. Le roi missionna son fils, le dauphin Louis de conduire cette croisade royale commencée fin mai et qui mit le siège de 17 Juin 1219 devant Toulouse ! Après plusieurs assauts repoussés, le futur roi de France leva le siège le 1er Août. Devant ce triomphe inattendu les toulousains se vengèrent en assassinant une partie de la garnison française de Lavaur et tuèrent Alain de Roucy qui avait porté le coup mortel au roi d'Aragon.
Saint Sernin est considéré comme le premier évêque de Toulouse, ville
où il serait mort martyr au IIIè siècle.
La basilique romane construite au IXè siècle lui fut dédiée et elle resta
avec ses 65 mètres de hauteur et son clocher à 5 étages, le plus grand
édifice roman de ce siècle. On y accède par la porte de Miégeville dont le
déambulatoire est orné de 7 bas-reliefs en marbre du XIIè siècle.
1222 - En Août s'éteint paisiblement le comte Raymond VI âgé de soixante-six ans.
1224 - Après la mort de son père le jeune roi Louis VIII accepte les terres d'Amaury de Montfort pour les joindre à ceux de la couronne. Aussitôt il écrit à Honorius III pour lui demander son aide financière afin de soulever une armée devant libérer les comtés de Béziers et de Toulouse encore aux mains des insurgés et des hérétiques.
1225 - Honorius III envoie le 30 novembre à Paris le jeune et ambitieux cardinal de Saint-Ange qui sitôt arrivé réunit à Bourges un concile qui prononce l'excommunication du comte Raymond VII et le destitue de tous ses biens.
1226 - Le 30 Juin Louis VIII marche vers le Languedoc à la tête de 50 000 cavaliers et 60 000 fantassins. Tous les seigneurs à l'exception du comte de Toulouse et du fils du comte de Foix (qui a succédé à son père) et du fils du malheureux Raymond de Trencavel font leur soumission au jeune roi de France qui prendra Avignon et ordonnera le massacre de toute la population de Marmande sans distinction d'âge, ni de sexe. Sur le chemin du retour le 3 novembre 1226, le roi fut atteint d'une grave dysenterie, le 8 novembre 1226, le roi de France Louis VIII mourrait à Montpensier. (Puy de Dôme)
13/ Le prétendu traité de Meaux (Seine et Marne)
Immédiatement la régente Blanche de Castille dû faire face à la révolte des Grands féodaux menée par Thibaud IV comte de Champagne qui déposa les armes l'année suivante et présenta sa soumission à la régente. La régente donna alors les pleins pouvoirs au Sénéchal Humbert de Beaujeu pour ramener l'ordre dans le sud de la France. Celui-ci assiège immédiatement le château de Labécède, le prend et y fait brûler tous les hérétiques.
En 1228 les armées royales s'approchent des faubourgs de Toulouse pour y détruire toutes les maisons et les récoltes. Le jeune Raymond VII accepte de signer le prétendu Traité de Meaux inspiré par le Cardinal de St Ange.
Les conditions de ce traité étaient à nouveau inacceptables :
- abandon des domaines de Trencavel, Razès, Carcassonne, et Albi,
- abandon de neuf forteresses,
- restitution des biens pris aux croisés,
- démantèlement de trente places fortifiées,
- remettre en otage à la régente, Jeanne de Toulouse, fille du comte Raymond VII désignée comme unique héritière et devant servir de caution contre toute tentative de rébellion avant son mariage forcé avec Alphonse II de France, comte de Poitiers et frère de Louis IX.
A la mort de Jeanne en 1243 Alphonse hérita donc du comté de Toulouse et l'annexa à la couronne de France..
Pire qu'un piège, le comte était tombé dans un véritable guet-apens car la pieuse souveraine avait simultanément convoqué un concile ou plutôt un tribunal ecclésiastique ainsi qu'un tribunal laïque chargé de contraindre le comte à accepter toutes les volontés de la reine et de l'Eglise ainsi que sa propre mise en captivité provisoire, liée au traité.
Le jeune comte signa donc ce traité qui livrait non seulement toutes ses terres à la France, mais l'obligeaient à demander en plus le pardon de l'Eglise. C'est donc en la grande cathédrale de Notre Dame de Paris (presque achevée) que le 12 Avril 1229 devant la Régente Blanche, le jeune roi, les princes, les nombreux évêques et abbés des couvents de France réunis, que le pauvre Raymond subit la même humiliation que son père en la cathédrale Saint Gilles de Toulouse.
Après avoir été flagellé torse nu, il dut implorer le pardon de l'Eglise que consentait à lui donner le cardinal de Saint-Ange et pendant qu'on garda enfermé Raymond VII durant six mois dans une tour du Louvre, les émissaires de la Régente prenaient possession de leurs nouveaux domaines et faisaient abattre toutes les murailles de Toulouse en chassant sans ménagement de leur château l'épouse et la belle-mère du comte (toutes deux infantes d'Aragon !)
La petite princesse Jeanne fut emmenée à Paris, pendant que les plus grands seigneurs du sud de la France durent prêter serment de fidélité au roi de France et rendre hommage à la régente. Désormais l'Eglise avait tous pouvoirs pour poursuivre et brûler les hérétiques qui ne se plieraient pas à ses volontés.
14/ La fin de l'épopée cathare
1233 Le 13 Avril le pape Grégoire IX (Ugolin de Segni, appartenant à la même famille que son prédécesseur Innocent III) officialisait définitivement l'Inquisition dont les juges furent choisis selon la bulle de 1232 de Grégoire IX parmi l'Ordre des frères Prêcheurs (les fils spirituels de Saint Dominique.)
1235 - Ecoeurés par les méthodes des inquisiteurs dominicains qui torturaient, brûlaient et n'hésitaient pas à déterrer les morts pour les juger devant leur tribunal, la foule de Toulouse, Raymond VII et les conseillers de la ville décidèrent de chasser hors de la ville ces moines fanatiques, cruels et sans scrupules.
Deux ans plus tard ils étaient de retour et sans tenir compte des recommandations de modération du pape agissaient avec un zèle accru contre tous les malheureux soupçonnés de sympathie avec une secte.
1240 - On note en Avril un essai de résistance de Raymond Trencavel pour reconquérir ses terres. Malgré la prise de plusieurs châteaux et le siège de la cité de Carcassonne dont les habitants lui avaient ouverts les portes de la ville avec enthousiasme, Raymond devra se réfugier à Montréal avant de pouvoir repartir librement avec les siens, grâce à l'intervention diplomatique des comtes de Toulouse et de Foix.
Le jeune (St) Louis IX qui a entamé son règne en 1234 ordonnera à son Chambellan de punir les villes qui se sont soulevées et de faire " brûler le bourg de Carcassonne ".
1241 - Après 14 ans de règne Grégoire IX meurt le 22 Août, son successeur le lombard Célestin IV élu le 25 Octobre décédera seize jours après sa nomination : le 10 novembre 1241.
Innocent IV le prochain pape ne sera élu que le : 25 Juin 1243.
1242 - C'est donc dans cette période sans pape qu'à lieu le 28 mai le fameux massacre de onze inquisiteurs au château d'Avignonet dans le Lauragais, sur les terres du comte de Toulouse. En conséquence le comte Raymond VII sera excommunié par le frère Ferrier, un dominicain.
Restaient les deux dernières places fortes des Cathares qui étaient - le château de Quéribus près de Perpignan dans le Fenouillèdes, - et Montségur une forteresse imprenable perché comme un nid d'aigles à 1208 mètres d'altitude sur un haut pic pyrénéen.
1243 - Se tient en Avril à Béziers un concile demandé par le comte de Toulouse qui d'une part veut rétablir la justice sur ses terres (après son excommunication) et d'autre part veut redonner à ses évêques l'autorité transmise aux dominicains par le pape. Il y sera décidé de poursuivre la lutte contre les hérétiques rebelles et surtout d'envahir Montségur : le quartier général des cathares.
C'est donc un mois plus tard, que Hugues des Arcis, nouveau Sénéchal de Carcassonne et Pierre Amiel, archevêque de Narbonne, mettaient le siège autour du pic réputé imprenable, qui allait durer dix longs mois, les assiégeants espérant toujours l'aide du comte de Toulouse qui par l'envoi de messages secrets faisait semblant de les soutenir.
Enfin le 1er mars 1244, les assiégés obtenaient une trêve de quinze jours et en cas de reddition, les insurgés obtenaient la grâce royale de Louis IX concernant les auteurs du massacre d'Avignonet ainsi que la liberté à tous les cathares qui abjureraient leur foi.
Les assiégés avaient insisté pour obtenir cette trêve afin de pouvoir célébrer la Pâque une dernière fois et administrer le consolamentum à dix sept croyants qui aspiraient à devenir " parfaits ".
Le 16 mars au matin, Montségur se rendait aux envahisseurs commandés par les deux inquisiteurs dominicains Ferrier et Duranti, qui essayèrent en vain de convertir : deux cent parfaits et parfaites qui attendaient la mort en chantant des psaumes. Quelques heures après deux cent cinq torches vivantes rassemblées autour de leur évêque Bertrand Marty (à une lettre près martyr) n'étaient plus qu'un amas de cendres dégageant une épouvantable odeur de viandes carbonisées.
1244 est aussi l'année où le Roi LOUIS IX tomba si gravement malade qu'il fit le voeu de partir en croisade s'il obtenait sa guérison !
En 1248, pendant que Saint-Louis partait en croisade pour l'Egypte, Raymond VII décédait. Le Languedoc fut réunit à la couronne de France.
En 1252, décès de la reine Blanche de Castille, cette même année le pape INNOCENT IV autorise aux inquisiteurs : l'usage de la torture...
En 1255, le célèbre château de Quéribus, tant aimé par Alphonse Daudet, le poète de la Provence) qui est devenu un des ultimes refuges du catharisme tombera par la trahison d'un de ses membres et coûtera la vie à son châtelain : Chabert de Barbaira. Fin de l'épopée Cathare.
En 1257, le pape Alexandre IV étend l'INQUISITION à toute la France.
1/ Les racines du Catharisme
a. la réforme de la religion perse
-721 Fin du royaume d'Israël (Capitale Samarie) et première déportation juive en Assyrie des juifs de ce petit royaume rival de celui de Jérusalem.
-625 Nabopolassar - père de Nabuchodonosor, roi des pays de la Mer se déclare roi de Babylone.
-612 Nabopolassar s'allie aux mèdes (peuple des plateaux iraniens) en faisant alliance avec le roi Cyanare. Ensembles ils prennent d'assaut la grande capitale de l'Assyrie NINIVE en -612. et ce malgré l'intervention du pharaon Néchao. La ville sera complètement détruite et les habitants massacrés.
-597 Première prise de Jérusalem par Nabuchodonosor II, les juifs s'expatrient dans les pays voisins non soumis aux babyloniens.
-587 Deuxième siège de Jérusalem qui dura deux ans. Sédécias le roi de Jérusalem est emmené enchaîné à Babylone, la ville et le temple sont détruits jusqu'aux fondements. Deuxième grande déportation : celle des juifs de Jérusalem expatriés à Babylone.
-556 Cyrus le Mède se révolte contre son suzerain et devient roi des Perses en -550.
-539 Cyrus prend Babylone et libère les juifs de leur exode où ils étaient prisonniers et pour la plupart : esclaves !
Or c'est vers l'an -600 de notre ère qu'est né le perse Zarathoustra qui apporta en Perse une nouvelle conception de la religion basée sur la tolérance, le respect d'autrui, l'encouragement du bien et la lutte contre le mal. Véritable révolution de l'esprit de conscience et de la notion de choix moral entre : le bien et le mal.
Il est étrange de faire le rapprochement entre le comportement de Cyrus et celui de ses prédécesseurs , en particulier celui d'Astyage le dernier roi des Mèdes et fils du cruel Cyaxare qui fut l'allié de Nabopolassar dans le massacre de la ville de Ninive (monticules de têtes coupées devant les fortifications - cadavres mutilés exposés aux bêtes sauvages et aux groupes de vautours - acharnement sur les femmes et les vieillards et mise en esclavage sans pitié des enfants en bas âge)
Cyrus est très différent, à son entrée dans Babylone, les citadins comme les juifs exilés le considérèrent comme leur libérateur. Les juifs de l'époque lui donneront le titre de Messie. Il s'y fit reconnaître comme roi, mais n'annexa pas le pays. Il restitua à toutes les multiples populations leurs divinités puis il permit aux juifs de rentrer dans leur pays et de reconstruire leur grand temple.
Incontestablement on trouve en cet homme les notions de tolérance prêchées par Zarathousthra et surtout les arguments de foi basés sur la lumière, la recherche du vrai , l'esprit d'une conscience individuelle qui changeaient l'image de ce monde cruel et trop égoïste.
Le zoroastrisme primitif ou plus communément appelé MAZDEISME faisait la lutte aux démons et adorait UN Dieu Supérieur. Par la suite seulement la doctrine se diversifia en y introduisant plusieurs autres dieux, allant même jusqu'à y inclure : Zarathousthra divinisé.
Lorsqu'on sait que les Esséniens s'appelaient les "fils de lumière" et que Mazda était le dieu de la lumière, comme Rê en Egypte était l'image du soleil bienfaiteur et nourricier, il est étrange de constater les points communs existants entre les adeptes du mazdéisme et cette congrégation ou troisième secte juive vivant en Israël aux temps du Baptiste ou de Jésus-Christ ! Zoroastre qui se considérait prophète, concluait que malgré des combats acharnés entre le bien (la lumière) et le mal (ténèbres) en finalité c'est la lumière et la vérité qui devaient un jour remporter la victoire.
b. Le manichéisme
En 240 de notre ère apparaissait la doctrine Manichéenne, du nom de son initiateur MANI. Malgré que ce prophète fut mis à mort par Bahrâm 1er en + 277 les notions de bien, lumière et d'éternité sont encore accentuées : Les âmes sont prisonnières des ténèbres de la matière et elles doivent lutter pour retrouver leur destin d'origine, en abandonnant leur écorce qui les emprisonne.
Mani (en grec Manès - en latin Manichaeus) aurait été par deux fois " visité par un ange : Messager du Paradis des lumières " qui lui a demandé de proclamer bien haut sa doctrine. Après un pèlerinage aux Indes il revint prêcher en Iran où les mages zoroastriens de la cour parvinrent (comme Jean Baptiste) à le faire exécuter en prison.
Manès considérait Zoroastre, Bouddha et " Jésus le lumineux " comme des prophètes Messagers du Père...
c. Autres courants spirituels :
- les kabbalistes issus du mouvement judaïque ésotérique réservé à des initiés maniant à la fois les chiffres et les lettres sacrées
- les gnostiques qui prétendent posséder une illumination totale intérieure qui libère leur (âme) esprit de la matière. Leur doctrine n'était pas assimilable à une secte, mais plutôt à une philanthropie ou conduite de vie basée sur la connaissance, la sagesse et le respect de la vie. Même l'âme la plus noire pouvait un jour à force de volonté retrouver la vie et la lumière.
- les Vaudois de Lyon - Secte dissidente de l'Eglise fondée en 1170 par Pierre Vaudès, qui fut condamnée par deux conciles (Latran 1179 et Vérone 1184) Ses disciples " les pauvres de Lyon " furent d'abord condamnés puis excommuniés et considérés comme hérétiques.
Les Vaudois étudiaient essentiellement les saintes écritures et rejetaient la messe, le culte des saints en donnant à tous les pieux laïcs, les mêmes droits et valeurs qu'aux prêtres et aux évêques. Innocent III en 1209 lança une croisade contre eux et les persécuta simultanément de la même manière que les Cathares.
En 1211 quatre vingt vaudois furent brûlés-vifs à Strasbourg. En 1487 Innocent VIII exhorta le Duc de Savoie à une nouvelle croisade. En 1532 les Vaudois s'unirent aux protestants. Mais il resterait à l'heure actuelle encore vingt mille purs Vaudois en Italie du Nord.
d. La doctrine du Catharisme (du grec Kataros = pur)
Secte religieuse issue du manichéisme, essentiellement répandue dans le midi de la France (Béziers, Carcassonne, Albi, Toulouse...)
Les cathares se considéraient comme frères, pratiquaient la charité et cherchaient ardemment la vérité, la simplicité et la vie pure.
Leur doctrine argumentait que le diable est une créature de Dieu qui s'est révoltée, les âmes sont libres du bien et du mal. La Terre, le monde matériel et le corps des humains ont été créé par l'ange déchu qui s'efforce d'attirer par ruse les âmes du Ciel qu'il emprisonne dans une enveloppe charnelle, excepté le Christ qui n'a revêtu qu'un corps d'apparence, qui lui a été donné par un ange et la Vierge Marie, qui a pris les traits d'une femme juive.
En conséquence la croix ne doit pas être vénérée et le comportement de l'Eglise chrétienne désoeuvrée qui ne se soucie que du temporel, n'apporte point de salut aux âmes. Pour les Cathares seul l'Evangile est l' UNIQUE source de vérité et le guide du salut des âmes. Dans leur théorie l'esprit des non-élus retourne dans des corps animaux.
La mort étant pour le Cathare : la libération de l'âme, le seul sacrement qu'ils reconnaissaient s'appelait le CONSOLAMENTUM. Il correspondait à une ordination spirituelle laïque. Un postulant devait parfois attendre une à trois années pour pouvoir subir les épreuves du noviciat (deux années) à l'issue desquelles on l'intégrait dans la communauté en le revêtant de la toque et de la robe noire.
Dès lors l'homme ou la femme étaient intronisés parmi les "parfaits et les purs" acceptant de s'abstenir de tout contact charnel (comme les moines et ce même s'ils étaient mariés,) de jeûner et d'observer des lois alimentaires très strictes, régime végétarien et interdiction de consommer même du lait, des oeufs et des fromages.
C'est ainsi que nos ascétiques prêcheurs barbus s'en allaient de villes en villages porter la bonne nouvelle aux serfs et aux nobles riches pour leur enseigner les devoirs d'amour et de charité.
Si l'on sait que St François d'Assise fonda précisément en 1208 sa première communauté de compagnons franciscains avec l'approbation orale d'Innocent III on peut se demander s'il n'y a pas là une volonté de démontrer au peuple, que l'Eglise (au moment où le clergé vivait dans l'opulence) pouvait vivre plus pauvre que les cathares?
Autre point important la religion cathare admettait l'égalité des sexes, les femmes faisaient partie des assemblées et avaient droit de vote au chapitre. Même si pour des raisons de sécurité elles voyageaient rarement sur les routes infestées de brigands, elle menaient dans leurs couvent une vie partagée entre la contemplation, l'enseignement de l'Evangile et le soin aux malades, puisqu'on affirme qu'elles connaissaient les vertus des plantes et l'art de guérir. Les patrons cathares adoptaient moralement leurs apprentis et les invitaient à partager leur repas végétarien à leur table.
La pauvreté étant de rigueur un(e) parfait(e) abandonnait tous ses biens à la communauté et devait exercer un métier (souvent enseignant ou tisserand) pour aider le couvent à subvenir à ses besoins.
Les purs ne mentaient jamais et ils se considéraient comme des pacifistes, ils préféraient se laisser torturer et tuer plutôt que de se défendre contre leurs assaillants. Ils ne craignaient pas le martyr, ni la mort qu'ils considéraient comme une libération de l'âme qui retourne à Dieu.
Chaque province religieuse avait son évêque qui était assisté de deux fils spirituels : le fils majeur et le fils mineur.
Le comte de Foix, Raymond Roger permit à sa femme Philippa de recevoir le consolamentum et de diriger en 1205, la communauté des parfaites de Dun. Sa première soeur fut également reçue parmi les parfaites en son château de Fanjeaux, tandis que la seconde offrit à l'Ordre, la fameuse forteresse de Montségur. Le comte Roger II de Toulouse avait eu comme tuteur le seigneur Cathare (hérétique) de Saissac !
e. Le Christ premier exemple de tolérance
Jésus est venu nous apporter un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres = aidez votre prochain quelque soit sa religion. Par ses miracles aux étrangers, ses paraboles, son dialogue avec la femme aux cinq maris et ses avertissements formulés dans la synagogue de Nazareth, le Maître a essayé de nous faire comprendre que des étrangers et mêmes des prostituées peuvent entrer dans le Royaume des Cieux, alors que beaucoup de ministres du culte, obstinés dans leur haine et leur aveuglement seront rejetés dans les ténèbres !
Ce que le Christ explique dans une autre phrase :
- Beaucoup de prophètes surgiront et vous diront le Christ est là ou là-bas... Mais comment ferez vous la distinction entre les bons et les mauvais prophètes ?
- C'est à leur fruits que vous les reconnaîtrez (leurs actes) "un bon arbre porte de bons fruits et un mauvais arbre porte de mauvais fruits..."
2/ Les premières condamnations contre les cathares
1119 - Etienne Harding, troisième abbé de Cîteaux, complète la règle de St Benoît en y ajoutant "la charte de charité" complément à la constitution fondamentale d'un Ordre qui comptait déjà 343 abbayes en 1200 et 694 en 1300.
1119 - Le concile de Toulouse condamne d'excommunication les cathares et demande au bras séculier (le pouvoir civil) d'incarcérer les coupables et de confisquer leurs biens.
1148 - Le concile de Reims menace de nommer anathème = rejeté de l'Eglise, quiconque osera héberger ou protéger des hérétiques. Toujours à Reims, mais neuf ans plus tard le concile condamne les chefs de la secte à l'emprisonnement perpétuel, tandis que les disciples seront marqués au fer rouge sur le front ou dans le visage. Pour ceux qui bénéficieraient du doute, le concile leur laisse la possibilité de prouver leur innocence en subissant les ordalies (épreuves) au fer rouge. Ces mesures ont été immédiatement appliquées dans le nord de la France, malgré l'absence de confirmation du St Siège.
1163 - Le pape Alexandre III vient en personne présider le congrès de Tours, ce qui atteste de la gravité de la situation en France. A l'interdiction de protéger les hérétiques, s'ajoute celle de commercer avec eux. Cette ordonnance vise surtout à ruiner le commerce des cathares qui pour la plupart étaient des artisans. L'Eglise espérait ainsi les réduire à la misère et les voir mourir de faim. Mais lorsqu'on connaît les longues périodes de jeûnes que s'imposaient les Cathares, cette dernière mesure fut vraiment peine perdue. Alexandre renforça le rôle des évêques qui devaient enquêter sur les réunions secrètes et surtout les interdire pour empêcher le recrutement de nouveaux adeptes dans la secte.
1165 - Un colloque réunit à Lombers (près d'Albi) divers prélats de l'Eglise officielle et les principaux chefs de la secte. Etaient présents les évêques d'Albi, d'Agde, de Lodève, de Tours et l'Archevêque de Narbonne, ainsi que Raymond Trencavel (vicomte de Carcassonne, d'Albi et de Béziers), la princesse Constance, soeur du Roi Louis VII et femme du comte de Toulouse, Sicard vicomte de Lautrec et beaucoup d'autres nobles du sud...
L'évêque de Lodève conduisait l'interrogatoire qui portait essentiellement sur la valeur des sacrements que rejetaient les "Bons Hommes" et sur leur soumission à l'autorité de leurs juges. Aucun accord n'étant possible, les condamnations des "Bons Hommes ou bougres," furent donc confirmées par les évêques. Mais contrairement à la foule des provinces du Nord, celle du sud laissa partir librement les membres de la secte, qui en souvenir de ce fameux débat contradictoire furent encore surnommés "les albigeois."
1167 - Pendant qu'on exécutait à Vézelay dans l'Yonne des cathares bourguignons, se tint à Saint Félix de Lauragais (près de Toulouse) le plus important concile cathare de l'Histoire sous la présidence du Patriarche byzantin Nicétas venu de Constantinople et chef de l'Eglise cathare de Dragovitchia. Nicetas confirma les deux évêques de Toulouse et Carcassonne et en consacra deux nouveaux, puis il acheva la cérémonie en donnant le Consolamentum à tous les évêques présents.
Devant l'énorme retentissement de ce concile, Raymond V comte de Toulouse, affolé par le grand nombre de sympathisants et de conversions à la religion cathare, écrivit au roi de France Louis VII qui lui envoya deux missionnaires : Pierre de Pavie - Cardinal légat de France et l'abbé de Clairvaux qui obtinrent une soumission apparente des toulousains et l'abjuration du chef cathare toulousain : Pierre Maurand.
Ce vieux seigneur fut flagellé publiquement dans la cathédrale avant de passer trois années de pénitence en Terre Sainte, pendant que les légats partageaient ses biens et rasaient son fief.
1179 - Le Concile de Latran incite les chrétiens à se rassembler pour lutter contre les albigeois, (cathares) accusés de s'unir aux voleurs (!) pour piller les églises et les monastères. Ce concile accordait à tous participants de l'expédition punitive : une indulgence de deux ans.
1180 - Philippe II Auguste, à l'âge de quinze ans, monte pour 43 ans sur le trône de France
1181 - Alexandre III confie à Henri de Marsiac - abbé (Père supérieur) de Clairvaux, récemment promu Cardinal d'Albano le commandement d'une expédition de croisés levés par le précédent concile.
Henri s'attaque immédiatement au vicomte de Trencavel (protecteur déclaré des hérétiques du sud) et met le siège devant la forteresse de Lavaur. Après quelques escarmouches la vicomtesse Adélaïde livre aux assiégeants Bernard Raymond, évêque-cathare de Toulouse et Raymond de Baimac son coadjuteur. A peine prisonniers, ils se déclarèrent prêts à abjurer leur secte et à se convertir. En récompense Bernard Raymond devint chanoine à St Etienne et Raymond de Baimac devint chanoine à l'abbaye de St Sernin, tandis que le vicomte Roger de Trencavel faisait semblant de se soumettre...
1184 - Le nouveau pape Lucius III promulgue une bulle intitulée les décrets de Vérone, qui soustrayait les hérétiques cathares et vaudois aux exécutions sommaires de la foule des gens du Nord pour les remettre entre les mains de la juridiction des évêques locaux.
1198 - Election d' INNOCENT III, fils du comte de Segni, dont la famille est la rival héréditaire des Bobone dont est issu le précédent pape Célestin III qui depuis 1191 a été pape durant : 6 ans et 9 mois. A peine élu Innocent III ordonne à Foulques de Neuilly et à son légat Pierre Capuano de prêcher la quatrième croisade d'Orient qui aboutira en réalité au sac de Constantinople en 1204 !
1199 - Le nouveau pape INNOCENT III proclame une bulle qui instaure une procédure contre les hérétiques de France qui sera sévèrement appliquée dans le Nord, mais avec mollesse dans les régions du Sud.
1199 - En Bosnie le prince Kouline proclame le catharisme comme religion officielle.
1199 - Le pape Innocent III envoie en Languedoc deux moines cisterciens Rainier et Fuy qui n'obtinrent pas plus de succès que leur prédécesseur le cardinal de Saint Prisque.
1200 - Création dans chaque paroisse d'une commission dont le rôle est de rechercher et de dénoncer les hérétiques.
1203 - Le pape donne le titre de "chef suprême de tous les légats à Arnaud Amaury (abbé de Cîteaux)" et désigne sous sa tutelle deux moines de l'abbaye de Fontfroide (Corbières) : Pierre de Castelnau et Raoul de Fontfroide.
Amaury commence d'abord par punir les chefs du clergé local : l'évêque de Béziers - Guillaume de Roquessels est suspendu pour insoumission ! Celui de Toulouse - Raymond de Rabatens est déposé pour simonie (trafic d'objets sacrés), suivent l'évêque Béranger de Narbonne et de nombreux chanoines et prévôts ... Sur sa lancée, le père Abbé de Cîteaux visite les seigneurs du sud pour les inciter à punir plus sévèrement les hérétiques, hélas beaucoup d'entre eux protègent des hérétiques ou sont eux-mêmes de tendance hérétique.
3/ La mission apostolique de Saint Dominique
1205 - Après un voyage au Danemark, Don Diègue, le vieil évêque d'Osma (en Castille) arrive à Rome en compagnie d'un chanoine sous-prieur de sa cathédrale : DOMINIQUE de GUZMAN. Le futur saint Dominique issu d'une riche famille espagnole de Burgos a tout quitté pour vivre dans un esprit de pauvreté, il n'a que trente trois ans lorsqu'il vient solliciter du pape l'autorisation d'aller évangéliser des tribus païennes campées aux frontières de la Hongrie. Le pape les enverra tous deux prêcher dans le sud de la France pour convertir les hérétiques cathares, insoumis au Saint Siège.
1206 Après un court séjour à l'abbaye de Cîteaux où les légats tenaient leur assemblée, Dominique les incite à ne pas perdre courage et les assure de son soutien apostolique. A peine arrivé près de Toulouse, Dominique fonde immédiatement un monastère féminin à Prouille. En véritable prêcheur pendant deux années Dominique va sillonner les routes du midi, cherchant à persuader par de longs débats oraux les cathares d'abjurer leur croyance et de venir dans le giron de l'Eglise romaine.
1207 Un débat de quinze jours oppose Dominique aux principaux chefs de la secte cathare venus nombreux pour entendre le débat. On affirme que Dominique qui avait écrit ses réponses sur des papiers furent soumis par les juges à l'épreuve du feu, ils sortir miraculeusement intacts des flammes et cent cinquante Cathares se convertirent !
4/ L'excommunication de Raymond VI de Toulouse
1207 - La conférence de Montréal étant achevée, le légat du pape Pierre de Castelnau alla se présenter chez le comte Raymond VI de Toulouse, Duc de Narbonne, Marquis de Provence et cousin du roi de France Philippe Auguste, pour lui demander de prendre la tête de la ligue de la paix, jurée par les Seigneurs provençaux pour organiser la chasse contre ses sujets cathares.
Raymond n'avait nullement l'intention de combattre ses sujets mis au ban de l'Eglise et en tous cas, ne voulait surtout pas faire la paix avec ses vassaux les seigneurs de Provence qui ne cessaient pas de lui causer des troubles sur ses terres.
Le comte ayant refusé, le légat s'empressa de l'excommunier et d'en avertir aussitôt le pape Innocent qui le menaça de lui retirer son pouvoir sur ses terres. Sur ce le 17 novembre 1207 Innocent III en appela au roi de France Philippe Auguste et à de nombreux grands du royaume afin qu'ils se mobilisent contre les hérétiques du sud de la France. Vaine tentative, car le roi ne voyait pas d'un très bon oeil l'ingérence de l'Eglise dans les affaires temporelles et la politique du royaume. Ce pouvoir était réservé aux princes et au roi.
D'ailleurs Philippe Auguste était en guerre contre l'Angleterre et n'avait nullement l'intention de s'engager financièrement sur un nouveau front. Par l'intermédiaire de l'évêque de Paris le roi fit parvenir au pape une lettre dans laquelle il exigeait une trêve de deux ans dans le conflit anglais et un engagement écrit du clergé dans lequel il devrait avancer la moitié des frais de l'expédition, excepté une contribution de cinquante livres par jour, payable par le roi de France, le solde étant pris en charge par les barons !
Cette fois, c'est le pape qui refusa l'offre du roi !
14 Janvier 1208 - Le légat du pape Pierre de Castelnau et sa suite s'apprêtaient à franchir le Rhône aux environs de St Gilles en Camargue, lorsque soudain un cavalier surgit de la brume matinale et lance au poing, fonce sur le légat apostolique et lui porta un coup mortel avant de disparaître aussi rapidement qu'il était venu.
Personne ne saura jamais qui était ce mystérieux assassin, mais on accusa aussitôt le Comte de Toulouse d'avoir ordonné ce crime, car la veille du drame le comte était venu à St Gilles pour chercher un compromis avec le légat qui avait menacé le comte des pires châtiments s'il ne se repentait pas promptement.
Au comble de la colère le comte s'écria "Partout où vous irez, sur terre ou sur mer, prenez garde ! J'aurai l'oeil sur vous."
Bien entendu le comte n'aurait pas dû proférer cette menace que les autorités ecclésiastiques jugèrent accablante. Mais en y réfléchissant de plus près il n'était pas dans l'intérêt du comte déjà excommunié, menacé d'être envahi par ses rivaux et dépouillé de ses biens, d'ordonner cet acte qui allait à coup sûr enclencher la croisade des gens du Nord et de terribles représailles... C'est également l'avis de l'historien Michel Roquebert (dans son livre l'épopée Cathare, Tome I - Editions Privat) qui démontre que le crime profita en premier lieu : à ARNAUD AMAURY - l'abbé de Cîteaux qui brûlait du désir de déposséder le comte Raymond de ses terres et surtout de s'emparer de son titre de Duc de Narbonne.
C'est donc Arnaud Amaury qui averti le premier le pape de l'affreux attentat contre la vie de son légat.
Le 10 mars 1208, Innocent III lançait à travers toutes les provinces de France son célèbre appel à la croisade contre les hérétiques du Sud français. Le roi de France s'étant abstenu, il n'empêcha pas ses grands vassaux de prendre la défense de la Croix.
Atterré par cette terrible accusation, le comte de Toulouse avait immédiatement ordonné la recherche de ce cavalier inconnu que ses accusateurs ne semblaient pas pressé de retrouver. Mais toutes les recherches entreprises furent vaines, le comte Raymond proposa alors au jeune vicomte de Béziers-Carcassone Raymond, Roger Trencavel de s'unir à lui pour mieux organiser la défense de leurs terres. Mais le neveu de Raymond qui ne voulut pas être accusé de complicité déclina toute participation à cette proposition.
Ne pouvant prouver son innocence, le comte alla voir Arnaud Amaury et le supplia d'intercéder en sa faveur auprès du pape.
Mais le chef des légats se montra si dur et si injuste envers lui que Raymond décida d'envoyer une ambassade à Rome pour plaider sa cause et avoir le temps de prouver son innocence auprès du Saint Siège. Le comte promettait de se soumettre aux volontés de l'Eglise, mais ne voulait plus avoir de rapports avec Amaury. Le pape fit semblant d'accepter et confia cette affaire à Milon son secrétaire et à Maître Thédise, chanoine de Gênes. Mais ces deux hommes étant soumis à l'autorité d'Amaury, rien n'allait réellement changer !
En vertu de l'accord passé avec la papauté, le comte céda aux deux légats apostoliques sept de ses châteaux de Provence. Puis il fut décidé que la cérémonie de réconciliation aurait lieu en public dans la cathédrale de Saint Gilles de Toulouse, berceau de la dynastie.
Le 18 Juin 1209, devant tout le peuple et le haut clergé réunis, Raymond VI se présenta torse et pieds nus pour être flagellé par Milon. Après avoir prêté serment sur les évangiles, il fut absout et pour ultime pénitence, dû passer une dernière fois devant le cercueil de Pierre de Castelnau amené pour la circonstance.
5/ La première croisade contre les cathares
Le 24 Juin 1209, à la tête d'une armée d'environ 300.000 hommes, Arnaud Amaury, Prieur général de l'Ordre de Cîteaux, galopait en direction des terres du sud, derrière lui venait l'armée des archevêques, évêques, abbés, prêtres et moines, suivie des princes et barons dans leurs étincelantes armures, enfin derrière eux un amas indescriptibles de citadins, de paysans, de roulottes de vivres avec des femmes de toutes moralités, ainsi que de nombreuses bandes de brigands et de détenus en haillons libérés sur la promesse d'indulgence liée à la croisade, selon laquelle tous seraient blanchis de leurs fautes !
Informé par l'arrivée imminente de cette croisade contre ses terres, le Vicomte Raymond Roger de Trencavel s'empressa de galoper jusqu'à Montpellier pour présenter sa soumission aux chefs des croisés. Hélas sa demande fut rejetée, alors il regagna en toute hâte la ville de Béziers pour lui ordonner de se mettre en état de défense et poursuivant son chemin il fila vers son fief de Carcassonne.
Raymond VI qui ne participait pas aux combats avait rejoint les croisés pour leur indiquer le chemin, il était persuadé que sa soumission exemplaire trouverait sa récompense par la sauvegarde de ses terres. Mais il ignorait encore le sort réservé à deux de ses châteaux : Casseneuil et Villemur situés sur ses terres.
6/ Le sac de Béziers
Le 21 Juillet 1209 l'armée croisée arriva devant Béziers et y planta son campement. Renaud de Montpeyroux, l'évêque de la Cité, sorti pour essayer de négocier avant l'affrontement. Mais Amaury le chargea de porter un véritable ultimatum aux catholiques assiégés, qui devaient immédiatement livrer les 222 hérétiques cathares ou vaudois inscrits sur une liste (écrite par l'évêque lui-même) ou bien quitter la ville en y abandonnant les hérétiques, sinon le père général des Cisterciens menaçait tous les chrétiens de subir le même sort qu'eux !
L'évêque et quelques catholiques sortirent, mais beaucoup de prêtres préférèrent rester avec leur paroissiens. Le lendemain fête de Sainte Marie Madeleine, des biterrois sortirent pour lancer quelques flèches sur les assiégeants entrain d'installer leur tentes, mais la riposte fut foudroyante : par une porte restée ouverte des chevaliers croisés pénétrèrent dans la ville et ce fut le début d'un immense carnage.
Insensibles aux exhortations des prêtres les croisés se ruèrent dans les rues, dévalisant tout ce qu'il pouvaient emporter, tuant tout ce qui bougeait : enfants, femmes, vieillards qui essayaient de s'enfuir pendant que les hommes essayaient d'endiguer la marée de sauvages sans foi, ni lois.
On dit que mille personnes essayèrent de trouver asile dans l'Eglise de Ste Marie Madeleine. Piétinant le sacré Droit d'asile, tous y compris les prêtres catholiques furent massacrés, égorgés, éventrés.
Puis le feu qu'on avait allumé dans les ruelles étroites se propagea aux palais, aux églises et même à la cathédrale.
Pendant qu'Amauric rendait grâce à Dieu pour une victoire si facile, les barons se reposèrent trois jours, tandis que des milliers de cadavres s'entassaient devant les ruines des églises. Vingt cinq mille personnes moururent en une journée tandis que de rares survivants agonisèrent des journées entières privés d'eau et de soins. Selon le témoignage d'un moine allemand, (Césaire d'Heisterbach) Arnaud Amaury avait hurlé avant le massacre : Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens !
7/ La deuxième armée de croisés - dite du Quercy
Avant même l'arrivée de la première armée des croisés du Nord devant Béziers, une deuxième armée s'était formée autour de l'archevêque de Bordeaux. A Casseneuil près de Villeneuve sur Lot, on avait déjà érigé le premier bûcher de la croisade et brûlé vivants de nombreux hérétiques avec leur famille. Sous la conduite de l'évêque du Puy, une troisième armée vint de l'Ardèche et se joignit à celle de Bordeaux lors du siège de Casseneuil. Ensembles ces deux armées avaient détruit Gontaud, pillé Tonneins, rançonné St Antonin et Caussade... La terreur régnait dans tout le pays et les communautés de parfaits et les habitants fuyaient avant de mettre le feu à leurs villes.
8/ La mort de Raymond Trencavel
En six jours les croisés occupèrent près de cent châteaux et atteignirent rapidement Carcassonne puisque tous les habitants fuyaient avant leur arrivée ou envoyaient leurs prélats et nobles pour prêter serment aux envahisseurs. Les premiers faubourgs tombèrent le 3 Août et les croisés eurent même la possibilité de couper l'eau en plein été au reste de la population. Le 4 Août le roi d'Aragon entra dans le camp des croisés et essaya de plaider la cause du jeune Raymond Vicomte de Trencavel, âgé de vingt quatre ans seulement.
Le sinistre Amaury l'autorisa à partir mais seulement avec onze chevaliers et à la condition d'abandonner derrière lui tous ses biens aux croisés. Le courageux vicomte refusa l'offre et le roi Pierre II retourna très attristé à Saragosse.
Les faubourgs de Carcassonne étaient tous tombés, le bétail mourait de soif et de terribles épidémies faisaient des ravages dans la population. Un soir un chevalier que l'on disait parent du vicomte lui proposa de le suivre pour parlementer avec les barons, c'est (avait-il dit) pour éviter que Carcassonne subisse le même sort que Béziers ! Raymond de Trencavel le suivit et à peine arrivé au camp des croisés il fut jeté en prison.
Les habitants du centre ville de Carcassonne eurent la vie sauve, ils purent quitter la ville en abandonnant tous leurs biens aux pillards qui attendaient pour écumer la ville. Quant au vicomte il fut transféré dans une oubliette de son château où il serait mort assassiné sur l'ordre de Simon de Montfort qui était devenu entre-temps avec l'aide d'Amaury : le nouveau vicomte de Béziers et Carcassonne.
9/ L'avènement de Simon IV de Montfort
Les Montfort contrôlaient dès le Xè Siècle la route de Paris à Dreux, l'un d'eux devint évêque de Paris tandis que sa soeur Bertrade déjà mariée au comte Foulques d'Anjou devenait la maîtresse du roi Philippe 1er.
Amaury III de Montfort, le grand-père de Simon, lutta alternativement contre le roi de France et le Duc de Normandie. Son père SIMON-III avait épousé la comtesse de Leicester. Mais Simon IV ayant opté pour le parti français en épousant une fille des Montmorency (premiers barons du royaume de France) Jean sans Terre lui confisqua ses domaines. Il vint alors s'établir dans son comté situé dans la partie occidentale de l'Ile de France, où la vie devint plus tranquille à partir du moment où Philippe Auguste avait annexé la Normandie.
Simon IV aurait refusé de participer à la quatrième croisade de 1204 qui devait aboutir au sac de Constantinople et il préféra partir avec quelques fidèles compagnons pour la Terre Sainte où son énergie l'aurait couvert de gloires (?) ce qui fut très apprécié par l'abbé de Cîteaux qui s'en rappela lors de la mobilisation contre les hérétiques où il n'eut à intervenir réellement que pour la prise des faubourgs de Carcassonne.
Après avoir distribué quelques châteaux à ses chevaliers, Simon voyait déjà une de ses filles épouser le fils du Comte de Toulouse âgé de douze ans et devenir le maître de la région. Pour l'instant Raymond VI ne protesta pas à l'idée de ce mariage, qui s'il s'était réalisé, aurait dérangé les plans de l'abbé de Cîteaux.
La plupart des croisés s'en retournèrent chez eux, tandis qu'on laissa sur place une petite armée d'environ 5 000 hommes chargés de poursuivre les hérétiques qui s'étaient enfuis de Fanjeaux et de Montréal pour se retrancher maintenant dans la citadelle de Montségur, un pic fortifié au sommet d'une montagne.
Comme la ville de Castres offrait à Simon sa soumission, il s'y rendit immédiatement. Arrivé au Château on lui présenta un parfait et son novice. Le parfait n'abjura point mais le jeune homme se montra prêt à abjurer la secte. Simon ordonna de les brûler tous deux en disant que si Dieu le voulait les flammes épargneraient le plus jeune. On les attacha au même poteau, les flammes consumèrent le parfait mais ne brûlèrent que les liens du jeune homme et le bout de ses doigts. 0n cria au miracle, mais il n'empêche que Simon avait soumis au bûcher un converti, ce que l'Eglise interdit formellement.
Après un échec devant les fortifications de Cabaret, les bourguignons quittèrent Simon qui resta seul avec une trentaine de chevaliers et une bande de routiers d'environ deux mille hommes.
C'est ce moment que choisit le comte Raymond Roger de Foix pour casser son accord avec les croisés et reprendre Preixan et punir les bourgeois de Pamiers qu'il fit emprisonner dans son donjon de Foix.
Simon fit détruire plusieurs châteaux appartenant à Guiraud de Pépieux qui s'était soulevé contre lui, alors Guiraud fit crever les yeux, arracher les oreilles, le nez et la lèvre supérieure à deux chevaliers de Simon qu'il avait fait prisonnier et les abandonna en pleine campagne. L'un mourut de froid, le second fut amené chez Simon à Carcassonne par un paysan ! La résistance s'organisait, la population s'était révoltée dans de nombreuses places et en quelques mois Simon venait de perdre six de ses meilleurs chevaliers ...
10/ La nouvelle condamnation du comte Raymond VI de Toulouse
Amaury avait décidé de reprendre les choses en mains et avec l'accord de Simon envoya une délégation au comte de Toulouse pour le sommer de remettre aux mains de l'Eglise l'ensemble des hérétiques qui s'étaient enfuis de son comté. Le comte et les consuls de Toulouse refusèrent d'obéir prétextant qu'il n'y avait plus un seul hérétique à Toulouse. Arnaud Amaury excommunia immédiatement les consuls et jeta l'interdit sur la ville, ce dont il informa les membres du concile qui se tenait alors à Avignon. Le légat Milon avertit également Innocent III que le comte avait transgressé les quinze articles de sa soumission et qu'il avait dû le re-excommunier.
Très outré Raymond VI se rendit avec les consuls au Vatican afin de protester de sa bonne foi devant le pape. Malgré la promesse du comte de faire tout ce qui est en son pouvoir pour respecter les engagements prononcés en la cathédrale de St Gilles, le pape lui promit que l'occasion de se justifier devant un concile lui serait laissée.
Février 1210, Innocent III écrivit à son légat Amaury qu'il fallait absoudre les consuls et lever l'interdit jeté sur Toulouse, mais si des accusateurs arrivaient à reconnaître la culpabilité du comte dans l'affaire de l'assassinat de Pierre de Castelnau, le concile avait le droit de condamner une seconde fois le comte de Toulouse.
En ce début d'année une ligue intitulée "la confrérie blanche" s'était constituée à Toulouse sous le haut patronage de Foulques l'évêque de la ville, ces miliciens de la foi portaient une grande croix cousue sur leurs vêtements et pourchassaient les hérétiques et les usuriers en les faisant comparaître devant le tribunal de l'évêque qui les condamnait à de lourdes amendes. Ceux qui refusaient de payer risquaient de voir leur maisons saccagées et pillées.
Par opposition les amis du comte formèrent une autre confrérie qui prit le nom de "confrérie noire", et il n'était pas rare de voir des combats entre les deux clans à toute heure du jour ou de la nuit.
Au mois de Juin, Simon décida de s'attaquer aux fiefs imprenables du catharisme. Il mit le siège devant Minerve et après avoir emporté la place immola cent quarante Parfaits sur le bûcher. Pendant ce temps le comte de Toulouse était excommunié pour la troisième fois par une délégation de légats guidée par Amaury.
En février 1211, TOUS les légats de France, réunis à Montpellier décidèrent d'obliger Raymond de Toulouse à respecter une charte dont les conditions étaient impossibles à remplir :
- tous juifs et hérétiques du comté devaient être remis à l'Eglise dans un délai maximum d'un an. Le comte et ses chevaliers ne devaient plus se revêtir que de la cape brune des pénitents, puis ils avaient obligation de détruire leurs châteaux et de partir pour la Terre Sainte aussi longtemps qu'il plairait aux légats !...
Arnaud Amaury apporta cet acte en personne au comte qui attendait dehors dans le froid de l'hiver en compagnie du roi d'Aragon.
Indigné le comte retourna immédiatement à Toulouse et ordonna de faire publier l'acte honteux à travers tout le comté. Dès qu'ils furent informés que leur acte avait été rendu publique, les légats offusqués prononcèrent la quatrième excommunication du comte, accompagnée des mesures jetant " l'Interdit " sur ses terres ...
La guerre était désormais inévitable ! De toute urgence le comte demanda l'aide de ses vassaux de l'albigeois, du Béarn ainsi que celle des comtés de Comminges et de Foix et du sénéchal d'Agen : Hugues d'Alfaro, son gendre. Tous répondirent à l'appel.
Raymond VI avait également un frère nommé Baudouin de Toulouse, que sa mère Constance, soeur du roi, avait emmené avec elle à la cour de son frère Louis VI, pour se soustraire aux mauvais traitements de son époux le comte : Raymond V. Revenu à vingt ans au pays, Raymond et Baudouin ne s'aimaient guère, toutefois Raymond confia à son jeune frère Baudouin, le commandement d'un avant-poste (Montferrand) afin de mieux protéger Toulouse contre les attaques des croisés.
11/ Les batailles de Toulouse et de Muret
De son côté Simon de Montfort ayant reçu les renforts attendus de son comté avait décidé d'intensifier la répression.
1211 - Le 3 mai, le château de Lavaur (près de Castres) tombait ! On y alluma le plus grand bûcher de la croisade : 400 Vauréens / cathares y furent brûlés-vifs tandis que le croisé Simon de Montfort, grand défenseur de la Sainte Eglise offrait au bon plaisir de ses rustres soldats la malheureuse châtelaine qui fut ensuite jetée vivante au fond d'un puits qu'on recouvra de pierres...
Pendant ce temps le comte de Foix massacrait un groupe d'allemands et de frisons envoyés par leur évêque afin de renforcer les effectifs du siège de Lavaur.
A Cassès ce furent soixante hérétiques qui furent immolés sans opposer de résistance, seuls les chevaliers de Toulouse eurent la vie sauve, mais Castelnaudary vidée de ses habitants fut incendiée.
Simon arriva enfin à Montferrand où il mit le siège. Mais le nouveau vicomte Baudouin de Toulouse s'empressa de devenir son allié en embrassant le parti de la croisade jusqu'à sa mort. Son frère ne lui pardonnera jamais cette trahison, puisqu'il fut capturé près de Cahors et condamné à être pendu à Montauban par un tribunal présidé par son Frère.
A Toulouse les renforts alliés de Raymond VI se hâtèrent de venir apporter leur soutien, tandis que le comte chassait l'évêque Foulques hors de la ville. Simon mit le siège et après bien des assauts dût reconnaître son échec, par contre il eut sa revanche contre la coalition Occitane dans la bataille de Castelnaudary de 1212.
1212 - Le roi d'Aragon Pierre II s'allie au roi de Castille et vainquit les almohades à la célèbre bataille de (las) Navas de Tolosa.
1213 - Le 30 Août les alliés du comte de Toulouse reçoivent à Muret le renfort de l'armée de Pierre II d'Aragon qui venait de remporter pour la chrétienté une éclatante victoire sur les maures !
Malgré l'écrasante supériorité, les espagnols commettent des erreurs tactiques qui permettent aux croisés de tuer le roi d'Aragon. Il s'en suivit une indescriptible panique dans le camp occitan dont les croisés profitèrent en massacrant et noyant plus de 15 000 ennemis.
Innocent III toujours soucieux de ses intérêts personnels nomma un nouveau cardinal-légat : Pierre de Bénévent, chargé de contrôler la situation en Languedoc. Ainsi le nouveau cardinal-légat soumit à l'Eglise les comtes de Foix, de Commingues, de Roussillon et le vicomte de Narbonne. Même Raymond VI accepta de se soumettre et abdiqua en faveur de son fils Raymond VII âgé de seize ans.
1214 - (Le futur Saint) Dominique reçoit à Toulouse une maison pour ses frères qu'il soumet à la règle de St Augustin. Cette même année l'évêque Foulques de Toulouse l'emmènera à Rome où Innocent III émettra quelques réticences pour officialiser le nouvel Ordre. Un an plus tard c'est Honorius III qui approuvera le nouvel ORDRE et en fera l'école des inquisiteurs et l'instrument par excellence de lutte contre les hérétiques. Dominique mourut à Bologne en 1221 et fut canonisé en 1235.
12/ L'avènement du pape Honorius III (1216) et de Louis VIII (1223)
1215 - Un an avant la mort d'Innocent III débuta le 11 novembre le 4ème concile de Latran, ouvert dans la résidence vaticane. Il réunissait 410 évêques, environ 800 abbés et 3 000 clercs, ainsi que les nouveaux Patriarches (catholiques) de Constantinople et de Jérusalem. Ce concile prononça la déchéance de Raymond VI et officialisa la passation au comte Simon de Montfort de tous les domaines conquis par les croisés. Les autres domaines non conquis furent confiés à quelques nobles capables d'y défendre la paix en attendant que le fils du comte de Toulouse prouve ses compétences.
en 1216 Simon de Montfort reçut enfin des mains de Philippe Auguste l'investiture solennelle sur le comté de Toulouse.
Le 24 Août 1216 , après treize semaines de siège, Simon de Montfort dut abandonner Beaucaire à Raymond VII. Rentré d'Espagne le vieux comte soutenu par les comtes de Foix et de Compiègne fit une entrée triomphale dans Toulouse pendant qu'Alix de Montfort, épouse de Simon se retrancha au coeur de la citadelle en appelant son époux à l'aide.
Le 22 Septembre 1217 , les croisés mirent le siège devant les remparts de Toulouse, le siège fut très long et il coûta la vie à Simon de Montfort qui en portant secours à son frère Guy, reçut un boulet de pierre qui le tua sur le coup. Son fils AMAURY de MONTFORT lui succéda.
L'épouse de Simon et l'évêque Foulques persuadèrent Philippe Auguste d'intervenir au Sud de la France. Le roi missionna son fils, le dauphin Louis de conduire cette croisade royale commencée fin mai et qui mit le siège de 17 Juin 1219 devant Toulouse ! Après plusieurs assauts repoussés, le futur roi de France leva le siège le 1er Août. Devant ce triomphe inattendu les toulousains se vengèrent en assassinant une partie de la garnison française de Lavaur et tuèrent Alain de Roucy qui avait porté le coup mortel au roi d'Aragon.
Saint Sernin est considéré comme le premier évêque de Toulouse, ville
où il serait mort martyr au IIIè siècle.
La basilique romane construite au IXè siècle lui fut dédiée et elle resta
avec ses 65 mètres de hauteur et son clocher à 5 étages, le plus grand
édifice roman de ce siècle. On y accède par la porte de Miégeville dont le
déambulatoire est orné de 7 bas-reliefs en marbre du XIIè siècle.
1222 - En Août s'éteint paisiblement le comte Raymond VI âgé de soixante-six ans.
1224 - Après la mort de son père le jeune roi Louis VIII accepte les terres d'Amaury de Montfort pour les joindre à ceux de la couronne. Aussitôt il écrit à Honorius III pour lui demander son aide financière afin de soulever une armée devant libérer les comtés de Béziers et de Toulouse encore aux mains des insurgés et des hérétiques.
1225 - Honorius III envoie le 30 novembre à Paris le jeune et ambitieux cardinal de Saint-Ange qui sitôt arrivé réunit à Bourges un concile qui prononce l'excommunication du comte Raymond VII et le destitue de tous ses biens.
1226 - Le 30 Juin Louis VIII marche vers le Languedoc à la tête de 50 000 cavaliers et 60 000 fantassins. Tous les seigneurs à l'exception du comte de Toulouse et du fils du comte de Foix (qui a succédé à son père) et du fils du malheureux Raymond de Trencavel font leur soumission au jeune roi de France qui prendra Avignon et ordonnera le massacre de toute la population de Marmande sans distinction d'âge, ni de sexe. Sur le chemin du retour le 3 novembre 1226, le roi fut atteint d'une grave dysenterie, le 8 novembre 1226, le roi de France Louis VIII mourrait à Montpensier. (Puy de Dôme)
13/ Le prétendu traité de Meaux (Seine et Marne)
Immédiatement la régente Blanche de Castille dû faire face à la révolte des Grands féodaux menée par Thibaud IV comte de Champagne qui déposa les armes l'année suivante et présenta sa soumission à la régente. La régente donna alors les pleins pouvoirs au Sénéchal Humbert de Beaujeu pour ramener l'ordre dans le sud de la France. Celui-ci assiège immédiatement le château de Labécède, le prend et y fait brûler tous les hérétiques.
En 1228 les armées royales s'approchent des faubourgs de Toulouse pour y détruire toutes les maisons et les récoltes. Le jeune Raymond VII accepte de signer le prétendu Traité de Meaux inspiré par le Cardinal de St Ange.
Les conditions de ce traité étaient à nouveau inacceptables :
- abandon des domaines de Trencavel, Razès, Carcassonne, et Albi,
- abandon de neuf forteresses,
- restitution des biens pris aux croisés,
- démantèlement de trente places fortifiées,
- remettre en otage à la régente, Jeanne de Toulouse, fille du comte Raymond VII désignée comme unique héritière et devant servir de caution contre toute tentative de rébellion avant son mariage forcé avec Alphonse II de France, comte de Poitiers et frère de Louis IX.
A la mort de Jeanne en 1243 Alphonse hérita donc du comté de Toulouse et l'annexa à la couronne de France..
Pire qu'un piège, le comte était tombé dans un véritable guet-apens car la pieuse souveraine avait simultanément convoqué un concile ou plutôt un tribunal ecclésiastique ainsi qu'un tribunal laïque chargé de contraindre le comte à accepter toutes les volontés de la reine et de l'Eglise ainsi que sa propre mise en captivité provisoire, liée au traité.
Le jeune comte signa donc ce traité qui livrait non seulement toutes ses terres à la France, mais l'obligeaient à demander en plus le pardon de l'Eglise. C'est donc en la grande cathédrale de Notre Dame de Paris (presque achevée) que le 12 Avril 1229 devant la Régente Blanche, le jeune roi, les princes, les nombreux évêques et abbés des couvents de France réunis, que le pauvre Raymond subit la même humiliation que son père en la cathédrale Saint Gilles de Toulouse.
Après avoir été flagellé torse nu, il dut implorer le pardon de l'Eglise que consentait à lui donner le cardinal de Saint-Ange et pendant qu'on garda enfermé Raymond VII durant six mois dans une tour du Louvre, les émissaires de la Régente prenaient possession de leurs nouveaux domaines et faisaient abattre toutes les murailles de Toulouse en chassant sans ménagement de leur château l'épouse et la belle-mère du comte (toutes deux infantes d'Aragon !)
La petite princesse Jeanne fut emmenée à Paris, pendant que les plus grands seigneurs du sud de la France durent prêter serment de fidélité au roi de France et rendre hommage à la régente. Désormais l'Eglise avait tous pouvoirs pour poursuivre et brûler les hérétiques qui ne se plieraient pas à ses volontés.
14/ La fin de l'épopée cathare
1233 Le 13 Avril le pape Grégoire IX (Ugolin de Segni, appartenant à la même famille que son prédécesseur Innocent III) officialisait définitivement l'Inquisition dont les juges furent choisis selon la bulle de 1232 de Grégoire IX parmi l'Ordre des frères Prêcheurs (les fils spirituels de Saint Dominique.)
1235 - Ecoeurés par les méthodes des inquisiteurs dominicains qui torturaient, brûlaient et n'hésitaient pas à déterrer les morts pour les juger devant leur tribunal, la foule de Toulouse, Raymond VII et les conseillers de la ville décidèrent de chasser hors de la ville ces moines fanatiques, cruels et sans scrupules.
Deux ans plus tard ils étaient de retour et sans tenir compte des recommandations de modération du pape agissaient avec un zèle accru contre tous les malheureux soupçonnés de sympathie avec une secte.
1240 - On note en Avril un essai de résistance de Raymond Trencavel pour reconquérir ses terres. Malgré la prise de plusieurs châteaux et le siège de la cité de Carcassonne dont les habitants lui avaient ouverts les portes de la ville avec enthousiasme, Raymond devra se réfugier à Montréal avant de pouvoir repartir librement avec les siens, grâce à l'intervention diplomatique des comtes de Toulouse et de Foix.
Le jeune (St) Louis IX qui a entamé son règne en 1234 ordonnera à son Chambellan de punir les villes qui se sont soulevées et de faire " brûler le bourg de Carcassonne ".
1241 - Après 14 ans de règne Grégoire IX meurt le 22 Août, son successeur le lombard Célestin IV élu le 25 Octobre décédera seize jours après sa nomination : le 10 novembre 1241.
Innocent IV le prochain pape ne sera élu que le : 25 Juin 1243.
1242 - C'est donc dans cette période sans pape qu'à lieu le 28 mai le fameux massacre de onze inquisiteurs au château d'Avignonet dans le Lauragais, sur les terres du comte de Toulouse. En conséquence le comte Raymond VII sera excommunié par le frère Ferrier, un dominicain.
Restaient les deux dernières places fortes des Cathares qui étaient - le château de Quéribus près de Perpignan dans le Fenouillèdes, - et Montségur une forteresse imprenable perché comme un nid d'aigles à 1208 mètres d'altitude sur un haut pic pyrénéen.
1243 - Se tient en Avril à Béziers un concile demandé par le comte de Toulouse qui d'une part veut rétablir la justice sur ses terres (après son excommunication) et d'autre part veut redonner à ses évêques l'autorité transmise aux dominicains par le pape. Il y sera décidé de poursuivre la lutte contre les hérétiques rebelles et surtout d'envahir Montségur : le quartier général des cathares.
C'est donc un mois plus tard, que Hugues des Arcis, nouveau Sénéchal de Carcassonne et Pierre Amiel, archevêque de Narbonne, mettaient le siège autour du pic réputé imprenable, qui allait durer dix longs mois, les assiégeants espérant toujours l'aide du comte de Toulouse qui par l'envoi de messages secrets faisait semblant de les soutenir.
Enfin le 1er mars 1244, les assiégés obtenaient une trêve de quinze jours et en cas de reddition, les insurgés obtenaient la grâce royale de Louis IX concernant les auteurs du massacre d'Avignonet ainsi que la liberté à tous les cathares qui abjureraient leur foi.
Les assiégés avaient insisté pour obtenir cette trêve afin de pouvoir célébrer la Pâque une dernière fois et administrer le consolamentum à dix sept croyants qui aspiraient à devenir " parfaits ".
Le 16 mars au matin, Montségur se rendait aux envahisseurs commandés par les deux inquisiteurs dominicains Ferrier et Duranti, qui essayèrent en vain de convertir : deux cent parfaits et parfaites qui attendaient la mort en chantant des psaumes. Quelques heures après deux cent cinq torches vivantes rassemblées autour de leur évêque Bertrand Marty (à une lettre près martyr) n'étaient plus qu'un amas de cendres dégageant une épouvantable odeur de viandes carbonisées.
1244 est aussi l'année où le Roi LOUIS IX tomba si gravement malade qu'il fit le voeu de partir en croisade s'il obtenait sa guérison !
En 1248, pendant que Saint-Louis partait en croisade pour l'Egypte, Raymond VII décédait. Le Languedoc fut réunit à la couronne de France.
En 1252, décès de la reine Blanche de Castille, cette même année le pape INNOCENT IV autorise aux inquisiteurs : l'usage de la torture...
En 1255, le célèbre château de Quéribus, tant aimé par Alphonse Daudet, le poète de la Provence) qui est devenu un des ultimes refuges du catharisme tombera par la trahison d'un de ses membres et coûtera la vie à son châtelain : Chabert de Barbaira. Fin de l'épopée Cathare.
En 1257, le pape Alexandre IV étend l'INQUISITION à toute la France.
Le Penseur- Parfait
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